Ai-je déjà été vraiment moi-même en couple ?

On entre souvent en couple avec l’envie d’être soi, mais on ne mesure pas toujours ce que cela implique. Entre les ajustements, les attentes implicites, les projections, on peut finir par s’éloigner de soi sans s’en rendre compte. Ce n’est pas forcément une trahison, mais une dynamique subtile, progressive. Et si l’on se demandait non pas si l’on a aimé, mais si l’on a pu rester soi dans ce lien ?
Ce que j’ai montré… ou masqué
Chaque relation implique une part de dévoilement, mais aussi de retenue. On veut être aimé·e, reconnu·e, accueilli·e ; alors on filtre, on module, on arrange. Certaines émotions sont tues, certains désirs reportés, certaines pensées édulcorées. Ce que j’ai laissé paraître n’était pas toujours ce que je vivais profondément. Par peur de blesser, d’être rejeté·e ou d’être « trop », j’ai parfois préféré convenir plutôt qu’exister pleinement.
Le rôle que j’ai occupé
Dans le couple, on joue souvent un rôle sans le vouloir. Celui de la personne rassurante, drôle, stable, disponible… ou au contraire indépendante, distante, difficile à atteindre. Ces rôles sont rarement choisis consciemment : ils viennent de loin, s’enracinent dans notre histoire, nos loyautés, nos stratégies de survie affective. J’ai parfois été ce que l’on attendait de moi, pas ce que je suis profondément. Et plus le lien comptait, plus je risquais de m’y confondre.
Les zones de moi que j’ai laissées de côté
Certains élans, certaines parts de moi se sont tues dans le couple. Des désirs qui dérangent, une colère contenue, une tristesse étouffée. Ce n’était pas forcément imposé par l’autre : c’est moi qui ai cru devoir renoncer à certaines facettes pour préserver le lien. Ce que j’ai laissé de côté n’a pas disparu ; il a travaillé en silence, parfois jusqu’à l’usure. Être en couple ne m’empêchait pas d’exister, mais m’a parfois détourné·e de moi.
Les moments où je me suis senti·e pleinement là
Il y a aussi eu ces instants rares, intenses, où je me suis senti·e totalement aligné·e. Où je n’avais rien à prouver, rien à cacher. Où je me sentais vu·e, entendu·e, reconnu·e. Ces moments-là ont été précieux, mais parfois fugitifs. Ils m’ont montré qu’il était possible d’être en lien sans me perdre… mais aussi combien cela demandait de justesse. Ce n’est pas le couple qui empêche l’authenticité, c’est la peur de perdre le lien si l’on se montre entier·e.
Ce que je retiens, ce que je cherche maintenant
Me demander si j’ai déjà été moi-même en couple, ce n’est pas faire le procès du passé. C’est tenter de discerner ce que je veux préserver, ce que je veux transformer. C’est reconnaître ce qui, en moi, cherche encore à plaire, à éviter, à mériter. Être soi dans le couple, c’est un travail, pas un état naturel. Et c’est peut-être à cette condition que l’amour devient un lieu de présence, et non d’adaptation.