Psychologie

Le ghosting, la disparition, l’attente ; une nouvelle cartographie des blessures narcissiques.

Ils étaient là, ils avaient liké, répondu, montré un intérêt. Et puis plus rien. Pas de message, pas d’explication, juste un silence. Dans les rencontres en ligne, la disparition brutale est devenue une expérience fréquente, presque banale, mais rarement anodine. Ce qui se joue dans ce vide soudain révèle des enjeux profonds : sur notre rapport à nous-mêmes, à l’attente, et à l’image que nous avons de notre valeur.

Le numérique rend visible l’effacement

Le like, le message, le match donnent une illusion de présence, de lien naissant, de réciprocité. Mais cette présence est fragile ; elle peut se retirer sans laisser de trace. Le ghosting crée une dissonance entre l’élan initial et l’absence qui suit, laissant le sujet dans un flottement difficile à symboliser. Ce n’est pas tant l’autre qui disparaît que le miroir que l’on pensait avoir trouvé.

Une attente sans objet, une blessure sans cause

Être ghosté, c’est être privé de narration. On ne sait pas pourquoi, ni à quel moment le lien s’est arrêté. Cette absence d’explication rend la blessure plus difficile à penser, car elle ne s’appuie sur aucun fait tangible. Le silence devient alors un écran sur lequel se projettent les scénarios les plus douloureux.

Le narcissisme mis à nu

Dans la frustration numérique, ce qui souffre, c’est moins le cœur que l’image de soi. Pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai dit, fait, montré ? Le ghosting active une blessure narcissique primitive : celle de ne pas être vu, de ne pas exister dans le regard de l’autre. Et comme il n’y a pas de rupture explicite, il n’y a pas de fin sur laquelle poser un mot.

Une logique de consommation qui fragilise

Le cadre numérique favorise une approche zappante du lien. Trop de choix, trop de vitesse, peu d’engagement. Dans cette dynamique, chacun devient potentiellement remplaçable, ce qui rend l’attachement précaire et le désinvestissement brutal. La douleur de celui qui reste dans l’attente contraste avec l’indifférence de celui qui est déjà passé à autre chose.

Transformer la frustration en connaissance de soi

Ce que le silence numérique fait émerger, c’est souvent un écho ancien : une insécurité affective, une peur de l’abandon, une dépendance à la validation extérieure. La frustration peut alors devenir un révélateur précieux, si elle est pensée comme une mise en lumière de nos zones vulnérables. Ce n’est pas le like qui compte, mais ce qu’il vient nourrir ou masquer en nous.

Trouver un psy