Le rôle inconscient des parents dans les peurs de l’enfant

Les peurs des enfants sont souvent attribuées à leur imagination débordante ou à des étapes normales de développement. Pourtant, une part invisible mais puissante se joue dans la manière dont les parents, parfois malgré eux, transmettent leurs propres angoisses. L’inconscient parental agit comme un miroir silencieux, reflétant des peurs non exprimées que l’enfant capte sans comprendre. Identifier ce mécanisme permet d’éviter que ces peurs héritées ne s’enracinent durablement.
L’enfant capte ce que le parent tait
Bien plus que les mots, l’enfant perçoit les tensions, les silences ou les gestes d’évitement. Par exemple, un parent anxieux face à l’inconnu – même s’il affiche un sourire rassurant – peut transmettre une peur diffuse de la nouveauté. L’enfant, très sensible au non-verbal, intériorise ces signaux et peut développer des craintes sans lien apparent avec son expérience directe. Ce phénomène est souvent inconscient, car l’adulte ignore qu’il projette ses propres insécurités.
Les peurs parentales déguisées en prudence
Sous couvert de protection, certaines injonctions parentales révèlent des angoisses profondes : « Fais attention, c’est dangereux », « Ne parle pas aux inconnus », « Reste près de moi ». Si ces consignes sont parfois justifiées, leur répétition excessive installe chez l’enfant une vision du monde perçue comme menaçante. Ce n’est pas tant le contenu de la mise en garde qui est problématique, mais l’intensité émotionnelle qui l’accompagne et que l’enfant absorbe.
L’héritage des peurs familiales inconscientes
Certaines peurs se transmettent sur plusieurs générations, sans que personne ne les nomme clairement. Une famille marquée par des histoires de perte, d’insécurité ou de méfiance peut léguer à l’enfant une anxiété latente. Par exemple, une peur irrationnelle de l’abandon ou de l’échec scolaire peut trouver son origine dans des expériences parentales passées non élaborées psychiquement. L’enfant devient alors porteur d’angoisses qui ne lui appartiennent pas directement.
Prendre conscience pour libérer l’enfant
L’objectif n’est pas de devenir un parent « sans peur », mais d’identifier ses propres vulnérabilités pour éviter de les projeter. En prenant conscience de ses angoisses, l’adulte peut mettre des mots sur ses réactions, offrant ainsi à l’enfant une lecture apaisée de ses émotions. Dire « Je suis un peu inquiet·ète mais ça ne veut pas dire que tu dois avoir peur » permet à l’enfant de différencier ses propres ressentis de ceux de ses parents, et ainsi de construire une sécurité intérieure plus solide.