Psychologie

Beaucoup disent avoir envie de sortir, de revoir du monde, de s’accorder un moment agréable. Mais quand l’occasion se présente, quelque chose bloque, résiste, se referme ; comme si le plaisir ne pouvait jamais s’installer complètement. Cette difficulté à répondre à ses propres élans n’est pas toujours liée à un manque d’organisation ou de motivation. Elle relève parfois d’un conflit plus profond entre désir spontané et mémoire du manque, entre l’élan vital et la crainte de se l’autoriser.

La spontanéité bridée par des loyautés anciennes

Laisser surgir une envie, la suivre, la vivre… Ce geste simple n’est pas accessible à tous. Chez certains, le plaisir a été associé à la culpabilité, à l’insécurité, ou au rejet. On a appris à faire passer l’autre d’abord, à se méfier de ses propres désirs, à ne pas déranger. Résultat : l’envie ne trouve pas d’espace, elle se fige ou se contredit. La sortie envisagée devient compliquée, le choix d’une activité suscite une fatigue, une hésitation, un soupçon. Ce n’est pas que l’on n’a pas envie, c’est que l’on ne sait plus comment écouter ce qui est bon pour soi, sans devoir le justifier ou s’en défendre. Le plaisir devient suspect. Et l’élan vers l’extérieur se confronte à une fidélité inconsciente à une posture de retenue, parfois transmise de génération en génération.

Le plaisir comme territoire à reconquérir

Sortir, choisir, faire ce qui plaît vraiment suppose de se donner une place, de s’écouter, de se croire légitime. Mais pour ceux qui ont grandi dans un climat où le plaisir personnel était mis de côté, cette légitimité n’a jamais pu s’installer. L’idée même de faire quelque chose « pour soi » provoque du malaise. L’activité devient alors conditionnée : elle doit être utile, planifiée, équilibrée. Plus rien ne vient de l’intérieur. L’envie est filtrée, freinée, domestiquée. On attend d’être invité, on espère qu’un cadre extérieur permettra de s’autoriser. Mais cette attente se heurte à une réalité : sans une réconciliation avec soi, rien ne semble suffisant pour déclencher le mouvement.

Exemple : Pauline, toujours indécise

Pauline, 34 ans, dit souvent qu’elle voudrait sortir, faire plus d’activités, retrouver ses amies. Mais quand une opportunité se présente, elle décline, prétextant la fatigue ou des priorités soudaines. En séance, elle reconnaît que ce n’est pas un manque d’envie, mais une sorte de retenue invisible qui l’empêche de dire oui. Elle a été élevée dans un cadre rigide où les plaisirs étaient vus comme secondaires, parfois même gênants. Elle comprend que son hésitation n’est pas une faiblesse, mais une fidélité inconsciente à un modèle où exister pour soi était mal perçu. Commencer à s’autoriser, pour elle, passe par l’idée qu’elle peut être présente à elle-même sans se trahir, ni trahir ceux qui lui ont appris à se taire.

S’ouvrir à ce qui surgit sans se juger

Laisser aller ses envies n’est pas une impulsivité. C’est une reprise de contact avec une part vivante de soi, longtemps contenue ou négligée. Il ne s’agit pas de multiplier les sorties, mais d’écouter ce qui appelle, ce qui réjouit, ce qui résonne. Cela demande de désactiver les injonctions internes, de tolérer l’imperfection d’un moment pris pour soi. Et peu à peu, une autre manière d’être en lien avec le monde se dessine : moins contrôlée, plus vivante, plus juste. Non pas pour « faire », mais pour habiter autrement ses élans.

Trouver un psy