Psychologie

Face à la pluralité des approches et des personnalités, beaucoup se demandent comment reconnaître un « bon » psy. Derrière cette question apparemment pratique, se cache une attente plus profonde : celle d’un thérapeute idéal, capable de comprendre sans mots, d’accueillir sans faille, de réparer sans erreur. Cette figure, souvent fantasmée, fait partie du processus. Mais elle peut aussi devenir un obstacle : en cherchant l’exceptionnel, on évite parfois de s’engager avec le réel. Car le « bon psy » n’est peut-être pas celui que l’on croit.

Le fantasme d’un psy parfait

Il est fréquent de projeter sur le thérapeute des qualités absolues : neutralité parfaite, bienveillance constante, compréhension immédiate. On attend parfois du psy qu’il soit tout à la fois parent rassurant, guide éclairé et présence contenante. Ce fantasme, légitime dans un premier temps, peut freiner la relation si l’on refuse toute faille, tout écart, tout inconfort. En cherchant la perfection, on tente souvent d’éviter de revivre une blessure : être mal compris, mal reçu, abandonné. La quête du « bon psy » devient alors une protection contre le risque relationnel.

Exemple : la déception comme point de bascule

Lucie, 29 ans, a changé trois fois de psy en un an. Elle disait qu’ils étaient « trop froids », « pas assez empathiques », ou au contraire « trop présents ». En séance, avec la quatrième, elle exprime enfin sa peur d’être déçue, comme elle l’a été par des figures parentales instables. Le psy qu’elle attendait n’existe pas. Mais c’est en acceptant cette désillusion qu’elle peut commencer à tisser un lien réel. Le « bon » psy, pour elle, est devenu celui avec qui elle a pu nommer ce manque — non celui qui l’a comblé.

Le thérapeute réel, imparfait mais ajustable

Un psy n’est pas un objet parfait, mais un sujet en position de fonction contenante, avec sa propre manière d’occuper cette place. Ce n’est pas son style ou son orientation qui font de lui un bon psy, mais sa capacité à s’ajuster, à entendre, à tolérer sans imposer. Le bon psy n’est pas celui qui évite les ratés, mais celui qui peut les penser, les nommer, les réparer. La relation thérapeutique ne repose pas sur l’excellence, mais sur la possibilité d’un travail à deux, où l’imperfection devient support d’élaboration.

Le bon psy comme construction relationnelle

On ne trouve pas un bon psy, on le construit dans le lien. C’est dans l’épreuve du transfert, des malentendus, des silences partagés que le thérapeute devient un appui. Cette place ne lui est pas donnée d’avance, elle se conquiert au fil du temps. Le bon psy, finalement, est celui auprès de qui on peut être en lien sans se perdre, sans devoir masquer ce qui dérange. Il n’a pas à être parfait, mais suffisamment présent, suffisamment constant, pour que le sujet s’autorise à être, lui aussi, moins lisse.

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