Psychologie

La panique surgit sans prévenir. Dans la rue, en voiture, au travail, elle coupe le souffle, accélère le cœur, donne le vertige. Le sujet se sent au bord de la mort ou de la folie, sans comprendre ce qui l’envahit. Mais contrairement à ce que suggère sa soudaineté, l’attaque de panique n’est jamais vraiment sans cause. Elle est l’irruption brutale d’un contenu psychique resté jusque-là inconscient, comme un refoulé qui forcerait la porte. Ce que le sujet n’a pas pu penser s’impose alors dans le corps, sans passer par les mots.

Une angoisse qui déborde le cadre

La crise de panique ne peut se réduire à une réaction physiologique isolée. Elle traduit un débordement. Quelque chose d’intraitable s’est accumulé dans le silence et trouve un passage par le corps, faute d’avoir pu être élaboré. Ce n’est pas un événement objectif qui en est la cause directe, mais plutôt une coïncidence symbolique qui ravive une scène ancienne, oubliée, mais agissante. Le quotidien devient alors le théâtre d’une effraction : une parole non dite, un deuil non fait, une peur archaïque vient rompre la façade de maîtrise.

Exemple : Maxime, 38 ans, et l’arrêt brutal

Maxime fait sa première crise dans un supermarché. Vertiges, palpitations, sentiment de perte de contrôle. Il pense faire une attaque cardiaque. Rien, selon lui, ne pouvait l’annoncer. Mais en thérapie, il se souvient que c’est dans ce même lieu qu’enfant, il s’était perdu un jour, longtemps. L’épisode avait été minimisé par sa famille, mais il avait ressenti une panique extrême. L’attaque vécue adulte rejoue cette scène oubliée, sans que Maxime ait eu conscience du lien. L’inconscient a trouvé un détour pour s’exprimer, dans un lieu anodin mais chargé d’une mémoire sensorielle.

Le symptôme comme appel déguisé

L’attaque de panique est souvent vécue comme une trahison du corps, alors qu’elle peut être l’unique moyen pour le psychisme de signaler un débordement. Elle agit comme un cri sans langage, un message crypté qu’il faut déchiffrer plutôt que faire taire à tout prix. Si l’on se contente de calmer les symptômes sans écouter ce qu’ils enveloppent, on en limite la portée. Car ce qui revient dans la crise, c’est moins une peur réelle qu’un affect ancien, non symbolisé, qui cherche désespérément une issue.

Mettre des mots sur l’effraction

Le travail thérapeutique, dans ces cas, consiste à retrouver les fragments d’histoire logés dans le corps, à relier ce qui semble surgir de nulle part à une logique psychique profonde. Maxime, en retraçant les épisodes de perte et d’effacement vécus dans son enfance, redonne un sens à ce qui l’a submergé. Il peut désormais accueillir l’angoisse comme un mouvement, et non comme une menace. L’attaque de panique n’est plus une anomalie : elle devient un indice, parfois douloureux, mais précieux, d’un réel intérieur qui cherche à se dire.

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