Psychologie

Nous pensons souvent que notre histoire personnelle est le fruit de nos choix, de nos expériences, de notre caractère. Pourtant, nos trajectoires sont aussi traversées par des récits qui nous dépassent. Ce sont les récits collectifs : ceux d’un pays, d’une époque, d’un genre, d’une classe sociale ou d’une culture. Même s’ils ne sont pas toujours visibles, ils influencent notre manière de nous raconter, de nous projeter, de nous juger. Reconnaître leur impact, c’est commencer à faire le tri entre ce que l’on répète et ce que l’on choisit, pour écrire une histoire plus singulière.

Ce que les grands récits déposent en nous

Chaque société véhicule des récits dominants : ce que signifie réussir, aimer, être un homme ou une femme, être normal, être heureux. Ces récits circulent à travers l’école, les médias, la culture, la famille. Ils nous offrent des repères… mais aussi des normes. Même sans les partager consciemment, nous les avons intériorisés. Ils influencent nos attentes envers nous-mêmes, nos sentiments d’échec ou de fierté, parfois sans que nous en ayons conscience.

Quand l’histoire collective colore notre histoire intime

Les récits collectifs s’inscrivent aussi dans les histoires nationales ou familiales : une guerre, une migration, une domination sociale ou coloniale, une révolution silencieuse. Ils façonnent les silences, les tabous, les fiertés transmises d’une génération à l’autre. Par exemple, le récit d’une famille « qui s’est battue pour s’en sortir » peut générer une injonction à ne jamais faillir. À l’inverse, un passé honteux ou douloureux peut engendrer des blocages ou des zones d’ombre dans le récit de soi.

Se raconter à travers des modèles qu’on n’a pas choisis

Beaucoup d’entre nous se racontent à travers des histoires toutes faites : le bon élève, l’enfant discret, la femme forte, le self-made man. Ces figures sociales, valorisées ou stéréotypées, structurent nos récits intérieurs. Elles nous servent parfois à avancer, à nous défendre. Mais elles peuvent aussi nous enfermer dans des images réductrices, qui ne correspondent plus à ce que nous sommes devenus. Interroger ces modèles permet de réintroduire de la nuance et de la liberté dans notre narration personnelle.

Ce que l’on répète… et ce que l’on peut transformer

Les récits collectifs ne déterminent pas totalement notre histoire, mais ils en fixent souvent les grandes lignes. Prendre conscience de leur influence, c’est retrouver une marge de manœuvre : choisir ce que l’on garde, ce que l’on interroge, ce que l’on rejette ou transforme. Ce travail demande de l’écoute et de la patience : déconstruire un récit ne veut pas dire perdre ses repères, mais se donner la possibilité d’en créer d’autres, plus personnels, plus fidèles à notre vécu réel.

Écrire une histoire qui nous appartient vraiment

Reconnaître les récits collectifs dans lesquels nous avons grandi ne veut pas dire s’en défaire entièrement, mais les mettre à leur juste place. Il est possible de s’en inspirer sans s’y soumettre, de les revisiter à la lumière de son propre parcours. C’est ainsi que notre récit de vie devient plus vivant, plus incarné, moins automatique. En se libérant des cadres imposés, on peut habiter son histoire avec plus de conscience, de nuance… et de liberté.

Trouver un psy