Ai-je déjà été en lien avec moi-même ?

On parle souvent de lien à l’autre, rarement de lien à soi. Pourtant, cette relation silencieuse conditionne toutes les autres. Être en couple, avoir une vie sociale riche, se sentir entouré·e… tout cela ne garantit pas d’être en contact avec son monde intérieur. Le célibat, en rompant certaines stimulations, met souvent en lumière une disjonction plus ancienne. Et si ce que je croyais être de la solitude n’était en réalité qu’un manque de lien avec moi-même ?
Un contact avec soi souvent interrompu
Dans le mouvement de la vie, il est facile de se perdre. Rôles sociaux, attentes affectives, scénarios familiaux : beaucoup de nos gestes répondent à des schémas extérieurs. On agit, on choisit, on s’engage… mais pour qui exactement ? Le lien à soi est souvent rompu très tôt, remplacé par un ajustement au regard de l’autre. Ce n’est pas un oubli volontaire, mais une stratégie de survie.
Le couple comme espace de délégation
Dans la relation amoureuse, certaines fonctions psychiques peuvent être transférées à l’autre : la sécurité, la validation, la direction. On ne pense plus seul·e, on pense à deux. Ce soutien peut être précieux, mais aussi anesthésiant. Le couple peut devenir un lieu où l’on cesse d’écouter ses propres signaux, à force de chercher l’accord ou la fusion. Ce n’est pas l’amour qui isole de soi, mais la perte de différenciation.
Le célibat comme révélateur d’une absence
Quand le lien amoureux disparaît, un vide peut apparaître. Mais ce vide, parfois, n’est pas celui de l’autre : c’est celui de soi. On réalise qu’on ne sait plus très bien ce que l’on ressent, ce que l’on aime, ce qui nous anime. Ce n’est pas que l’on a perdu quelque chose, c’est que l’on ne s’était peut-être jamais vraiment rencontré·e. Ce constat peut être vertigineux, mais aussi profondément libérateur.
Reconstruire un lien interne vivant
Se remettre en lien avec soi, ce n’est pas se recentrer au sens narcissique, mais réapprendre à habiter ses sensations, ses émotions, ses pensées. C’est interroger ce qui fait sens pour soi, au-delà des injonctions. Ce lien-là n’est pas toujours fluide : il demande du temps, de la patience, une capacité à tolérer le flou et l’ambivalence. Il ne s’agit pas de se comprendre parfaitement, mais d’apprendre à rester présent·e à ce qui se passe en soi.
Devenir une présence pour soi-même
Être en lien avec soi, c’est devenir capable de s’écouter sans se fuir, de se soutenir sans se juger, de se respecter même dans l’incertitude. Ce n’est pas un état permanent, mais un mouvement intérieur que l’on peut cultiver. Quand ce lien se renforce, le besoin d’être validé·e à l’extérieur perd de son urgence. Et c’est peut-être à ce moment-là que les autres liens deviennent plus libres, plus justes, plus vivants.