Psychologie

On croit avoir peur de l’autre, de sa langue, de ses gestes, de sa différence. Mais bien souvent, cette peur en masque une autre, plus intime, plus silencieuse : celle de notre propre instabilité, de nos zones d’ombre, de nos certitudes fragiles. L’étranger, le marginal, le dissident sont autant de miroirs qui ne reflètent pas seulement leur altérité, mais notre malaise intérieur. Ce que l’on rejette hors de soi dit beaucoup de ce que l’on n’arrive pas à accueillir en soi.

L’autre comme révélateur de nos limites

La présence de l’autre dérange parce qu’elle met à l’épreuve nos repères intimes. Il suffit qu’il parle une autre langue, pense autrement, aime différemment, pour que notre propre normalité semble incertaine. Ce que l’on croyait stable devient question. L’autre n’est pas menaçant parce qu’il est étranger, mais parce qu’il nous décentre. Il ébranle nos récits, nos évidences, nos filtres. Et au fond, ce trouble renvoie à notre propre incomplétude. On ne fuit pas l’autre, on fuit ce qu’il révèle de nous.

L’identité comme refuge fragile

Pour se sentir exister, on se construit souvent contre ce que l’on n’est pas. Les frontières de soi sont tracées en creux, par opposition. Ainsi, ce qui est trop différent devient inquiétant, car il menace l’équilibre fragile de l’image que l’on a de soi. Refuser l’autre, c’est souvent vouloir préserver une fiction : celle d’un moi homogène, cohérent, stable. Or l’identité est toujours traversée, mouvante, composite. Plus on tente de la figer, plus l’autre devient insupportable. Il devient alors le symptôme d’un refoulement intérieur.

Une projection de nos conflits non résolus

La peur de l’autre agit parfois comme un écran sur lequel on projette ses angoisses. Ce que l’on ne comprend pas en soi, on le transfère sur autrui : sa colère, sa sexualité, sa différence. L’autre devient le réceptacle de ce que l’on n’ose pas voir en nous. Cette mécanique inconsciente permet d’éviter la remise en question. Elle sécurise, mais elle isole. Car en réduisant l’autre à un danger, on renforce sa propre impuissance. Le rejet est une défense. Le dialogue, une ouverture sur soi.

Faire de l’altérité un chemin intérieur

Accueillir l’autre ne signifie pas tout accepter. Cela suppose d’ouvrir un espace en soi pour l’inconnu. De reconnaître que notre identité n’est pas menacée par la diversité, mais enrichie par elle. Cela ne se fait ni dans la peur ni dans l’abstraction, mais dans des rencontres réelles, concrètes, parfois inconfortables. C’est un apprentissage lent, qui commence là où l’on accepte d’être un peu déplacé. Car ce que l’on découvre dans l’autre, souvent, c’est une part oubliée de soi.

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