Phobie scolaire, phobie sociale : que cherche-t-on à fuir ?

Refuser d’aller à l’école, paniquer à l’idée de parler en public, se sentir envahi à la seule idée de croiser un groupe, d’être observé, évalué, comparé… Ces peurs, souvent qualifiées de « phobies », touchent de plus en plus d’adolescents, de jeunes adultes, mais aussi d’adultes installés dans la vie. Derrière les symptômes visibles, il y a une angoisse profonde, difficile à nommer. Ce que l’on fuit n’est pas toujours le lieu lui-même, ni même l’autre, mais quelque chose de plus intime : une exposition de soi, une confrontation intérieure.
Une fuite du regard, plus que de la situation
Dans la phobie sociale comme dans la phobie scolaire, le regard de l’autre est au cœur de l’angoisse. Ce n’est pas seulement la peur d’échouer ou de se tromper, mais celle d’être vu, figé, évalué. Ce que l’on fuit, c’est une forme d’exposition psychique. Être là, devant l’autre – adulte, groupe, institution – peut réveiller un sentiment de vulnérabilité radicale : celui de ne pas être « à la hauteur », d’être trop, ou pas assez.
Un lieu qui active une mémoire affective
L’école ou le cadre social peuvent devenir, inconsciemment, des lieux de réactivation de blessures anciennes : sentiment d’inadéquation, peur de décevoir, humiliation passée, angoisse de séparation. Ces lieux symboliques – l’école, la scène sociale – renvoient souvent au premier espace où l’enfant s’est confronté au jugement extérieur, au groupe, à la norme. La phobie surgit alors comme un refus inconscient de revivre une douleur déjà connue, mais jamais digérée.
Le symptôme comme protection
La phobie est parfois vécue comme un empêchement, mais elle est aussi une forme de défense. Elle empêche l’élan, certes, mais protège aussi d’une confrontation jugée insupportable. Elle dit : « je ne peux pas y aller », là où peut-être on voudrait dire : « je ne me sens pas reconnu, ni en sécurité. » Le symptôme parle pour un sujet qui ne trouve pas encore les mots – ou l’espace – pour se dire autrement.
Que faire avec ce que l’on fuit ?
Sortir d’une phobie ne se résume pas à « affronter ses peurs » ou « reprendre confiance ». Il s’agit d’abord d’écouter ce que le symptôme protège. Que s’effondrerait-il, si je cessais d’avoir peur ? Que se jouerait-il, si je me laissais voir tel que je suis ? Il s’agit d’un travail de reconnaissance de soi, progressif, parfois long, qui permet peu à peu de réinvestir les lieux redoutés autrement. Non comme des scènes de jugement, mais comme des espaces possibles de lien.