Pourquoi il est si difficile de choisir un psy

Il existe aujourd’hui une multitude d’approches thérapeutiques, de profils, de formats. Et pourtant, au moment de choisir un psy, nombreux sont ceux qui hésitent, repoussent, consultent sans s’engager ou abandonnent après une séance. Ce choix, loin d’être seulement pratique ou rationnel, touche à quelque chose de plus profond : entrer en thérapie, c’est entrer dans une relation qui va exposer, déranger, déplacer. C’est un mouvement vers soi… mais à travers un autre. D’où la difficulté de ce choix, à la fois intime et chargé de projections.
Ce qu’on cherche vraiment, sans toujours le savoir
Choisir un psy, ce n’est pas seulement trouver un professionnel compétent : c’est tenter de deviner, dès les premiers échanges, si cette personne saura contenir ce que l’on ne parvient pas soi-même à tenir. C’est une forme d’appel, parfois muet, à une figure suffisamment stable, assez douce mais pas trop proche, impliquée mais non intrusive. Ce que l’on cherche inconsciemment, c’est un cadre qui puisse accueillir le chaos intérieur sans y répondre de façon symétrique. C’est pourquoi le ressenti prend souvent le pas sur les critères objectifs.
Exemple : choisir, quitter, recommencer
Marc, 36 ans, a contacté quatre psys en trois ans. À chaque fois, il a interrompu après une ou deux séances, sans raison claire. Il disait que « ça ne passait pas ». En séance, plus tard, avec un thérapeute qu’il a finalement choisi, il réalise que ce qu’il fuyait, ce n’était pas les psys eux-mêmes, mais ce que leur position éveillait en lui : une peur d’être vu trop vite, trop profondément. Le choix n’était pas impossible, mais menaçant. Ce n’est qu’en reconnaissant cette peur qu’il a pu vraiment s’autoriser à s’engager.
La projection au cœur de la difficulté
Le psy, dès le premier contact, devient un support de projection. On y dépose ses attentes, ses craintes, ses représentations du soin, de l’autorité, du savoir ou de la blessure. Chaque détail — ton de voix, posture, décoration du cabinet — peut activer une mémoire inconsciente. C’est ce qui rend ce choix si sensible : il réveille des enjeux relationnels anciens. Trouver « le bon psy », c’est aussi rencontrer une part de soi que l’on ne maîtrise pas. D’où l’ambivalence, parfois paralysante, du premier pas.
S’autoriser à choisir, sans certitude
Il n’y a pas de choix parfait, ni de psy idéal. Il y a surtout un moment où l’on s’autorise à ne pas tout contrôler, à tester un lien, à tolérer l’inconfort initial. Ce qui permet l’engagement, ce n’est pas la certitude, mais une forme d’acceptation de l’incertitude. Marc, en revenant une deuxième fois malgré le doute, a pu découvrir que l’alliance se construit, plus qu’elle ne se décide. Le choix devient alors un acte subjectif, non pas parfait, mais engagé. Et c’est là que le travail peut commencer.