Psychologie

Il arrive, parfois dès les premières séances, que l’on ressente une gêne face à son psy. Un sentiment diffus de ne pas être entendu, pas vraiment accueilli. Les mots résonnent à vide, la relation paraît froide, l’espace semble trop neutre ou au contraire trop chargé. Se pose alors une question difficile à trancher : ce malaise vient-il du thérapeute ou de quelque chose qui se rejoue dans la relation ? Faut-il attendre, insister, ou s’autoriser à partir ?

Le transfert, cette incompréhension structurante

La psychanalyse enseigne que ce qui se vit dans la relation au psy n’est jamais neutre. L’impression de ne pas être compris peut traduire une réactivation inconsciente d’anciennes scènes où le sujet n’a pas été entendu dans son histoire. Ce n’est pas nécessairement l’échec de la relation thérapeutique, mais parfois le début du travail. Être en analyse, c’est aussi faire l’expérience d’un décalage entre ce qu’on pense dire et ce que l’autre reçoit — et c’est dans cet écart que se loge le matériau du travail.

Exemple : une rupture évitée de peu

Clémence, 35 ans, a failli interrompre sa thérapie après quelques mois. Elle se sentait frustrée : « J’expliquais ce que je vivais, et j’avais l’impression que ça glissait. » Son psy ne répondait pas comme elle l’aurait souhaité. En verbalisant cette frustration en séance, elle découvre qu’elle attend inconsciemment une forme de validation immédiate, comme celle qu’elle espérait de sa mère, toujours distante. Ce n’est qu’en osant dire qu’elle ne se sentait pas comprise qu’un vrai lien a pu se nouer. Ce malaise initial était la porte d’entrée d’un transfert essentiel.

Mais parfois, la relation ne prend pas

Il serait naïf de croire que tous les malaises sont analysables ou productifs. Il arrive que l’alliance thérapeutique ne se forme pas, que le cadre proposé par le psy ne convienne pas, que son style ou son économie de parole entre en dissonance trop forte avec les besoins du patient. Dans ces cas-là, persister n’est pas toujours utile. Ce n’est pas un échec, mais un ajustement. L’important est de ne pas fuir trop vite, mais de se donner une chance d’explorer ce qui se joue — et, si rien ne s’ouvre, de s’autoriser à chercher ailleurs.

Entre rester et partir : une décision à habiter

Le vrai critère, ce n’est pas l’agrément immédiat, mais la capacité de la relation à évoluer, à supporter l’ambivalence, à accueillir les mouvements du patient sans se figer. Si le malaise peut être mis en mots, s’il peut circuler, alors il devient matière à travail. Sinon, il devient un mur. Clémence, en osant dire son ressenti, a transformé un silence stérile en point de départ. Le psy n’a pas changé, mais elle, si. Ce n’est donc pas une réponse simple, mais une décision à habiter : rester, parfois, c’est commencer.

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