Psychologie

Il y a celles et ceux qui aiment improviser, saisir une invitation de dernière minute, répondre à l’élan du moment. Et il y a ceux pour qui cela est impensable. Le simple fait de ne pas avoir anticipé une sortie déclenche une tension, une gêne, parfois un refus immédiat. Ce n’est pas un manque d’envie, mais un besoin profond de maîtrise. Et ce besoin, quand il devient rigide, peut masquer une peur plus ancienne : celle d’être débordé, envahi, exposé à une situation qu’on ne pourra pas contenir.

Le cadre comme rempart psychique

Certaines personnes ne peuvent s’engager dans une activité que si elle a été prévue, pensée, ritualisée. La spontanéité, pour elles, n’est pas joyeuse mais intrusive, presque menaçante. Ce n’est pas que la sortie en elle-même dérange, c’est son caractère inattendu qui déstabilise. Elle vient heurter une organisation interne fragile, qui s’appuie sur la prévisibilité pour rester stable. Derrière ce besoin de cadre se cache parfois une structure psychique rigide, construite dans un environnement où l’imprévu était source d’angoisse : crise familiale, désorganisation émotionnelle, paroles blessantes. L’improvisation rappelle ce chaos latent, et la personne y oppose une stratégie d’anticipation rigoureuse.

L’invitation surprise comme perturbation identitaire

Dire non à une sortie de dernière minute, c’est parfois refuser de laisser l’extérieur modifier l’équilibre intérieur. Car accepter l’imprévu, c’est s’ouvrir à la surprise, à l’inattendu, à ce qui pourrait modifier l’image que l’on a de soi. Cela suppose une certaine souplesse psychique, une confiance dans sa capacité à s’adapter. Pour ceux qui ont dû se construire autour d’un sentiment de vulnérabilité permanente, cette souplesse est difficilement accessible. La maîtrise devient une protection contre la perte de soi. Chaque sortie acceptée trop vite devient une source d’instabilité. Et chaque sortie refusée devient une manière de préserver l’ordre interne, même au prix d’un isolement.

Exemple : Claire, besoin d’anticiper pour exister

Claire, 30 ans, dit souvent qu’elle aimerait être plus disponible, plus libre. Elle admire ses amis capables de se retrouver sans prévenir, de changer leurs plans au dernier moment. Mais dès qu’une invitation spontanée surgit, elle décline, invoquant une fatigue, un empêchement ou une indisponibilité floue. En séance, elle découvre que derrière cette rigidité se cache une peur d’être prise au dépourvu, de ne pas savoir qui elle sera dans ce contexte inattendu. Elle a grandi dans un climat instable, où les repères étaient flous et changeants. Aujourd’hui, elle se sent en sécurité dans l’organisation, le prévisible. Elle commence à comprendre que ce qui se joue n’est pas une question de planning, mais une défense contre une perte de cohérence intérieure.

Apprivoiser l’ouverture sans se perdre

Il ne s’agit pas de devenir impulsif, ni de renoncer à son besoin d’organisation. Mais de reconnaître que ce besoin peut parfois enfermer plus qu’il ne protège. Pouvoir accueillir une proposition de dernière minute, même partiellement, sans y voir une menace, suppose une confiance plus profonde en sa capacité à rester soi, même dans l’imprévu. Ce n’est pas tant la sortie qui est difficile, que ce qu’elle mobilise : la capacité à être présent dans un contexte non maîtrisé. Et parfois, c’est dans cet inconfort apprivoisé qu’une autre forme de liberté peut émerger.

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