Psychologie

La tolérance est souvent invoquée comme une vertu républicaine. Mais derrière ce mot consensuel, que désigne-t-on vraiment ? Et comment l’ancrer concrètement dans une société traversée par les peurs, les crispations identitaires et les conflits de valeurs ? Rendre une société plus tolérante ne relève pas d’un simple appel à la bienveillance. C’est un processus complexe, exigeant, qui engage l’éducation, le langage, la justice et l’imaginaire collectif.

Apprendre à voir l’autre sans se sentir menacé

La première condition de la tolérance, c’est la sécurité. Tant que l’autre est vécu comme une menace, il ne peut être toléré que par contrainte. La tolérance véritable commence quand la différence ne déclenche plus de réflexe défensif. Cela suppose un travail de fond : déconstruire les stéréotypes, comprendre les peurs qu’ils masquent, rendre visible ce qui nous relie avant de souligner ce qui nous distingue. Une société plus tolérante est une société moins fragile symboliquement, où l’altérité ne fait pas vaciller l’identité.

Donner une place à la complexité

La tolérance ne consiste pas à tout accepter. Elle implique de cohabiter avec ce qu’on ne comprend pas tout à fait, ce qu’on n’approuve pas, mais qu’on reconnaît comme légitime. Cela demande une éducation à la nuance, à la pluralité des perspectives. La pensée binaire, les débats polarisés, les jugements instantanés sont les ennemis de la tolérance. Créer des espaces où l’on peut dire « je ne suis pas d’accord mais je t’écoute » devient alors un acte politique fondamental.

Institutionnaliser l’écoute sans imposer le silence

Trop souvent, on croit promouvoir la tolérance en demandant aux personnes offensées de se taire, ou aux minorités de ne pas faire de vagues. Mais une société tolérante n’est pas une société où l’on évite les conflits, c’est une société où ils peuvent se dire sans haine. Cela suppose des institutions capables d’accueillir la parole, de garantir la justice sans disqualifier la souffrance. Le respect du droit ne suffit pas : il faut aussi créer des cadres symboliques où les blessures peuvent être nommées sans que cela devienne une guerre des mémoires.

Faire de la tolérance une culture partagée, pas une vertu individuelle

Enfin, rendre une société plus tolérante, ce n’est pas seulement changer les individus, c’est transformer les représentations collectives. Cela passe par l’école, bien sûr, mais aussi par les médias, les récits, les images. Ce n’est pas un processus moral, c’est un travail culturel. Il s’agit d’inscrire la diversité dans les imaginaires, non comme exception tolérée mais comme donnée de départ. C’est dans cette banalisation du multiple que la tolérance cesse d’être une posture défensive et devient une force vivante du lien social.

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