Psychologie

Donner un prénom, c’est bien plus qu’un choix esthétique ou affectif. C’est inscrire un enfant dans une lignée, lui transmettre une histoire, parfois même une mission invisible. En psychogénéalogie, le prénom est souvent porteur de sens cachés, de mémoires familiales, de loyautés inconscientes. Il peut réactiver un lien, raviver une blessure, rejouer une place. Ce que l’on croit unique peut alors s’avérer le prolongement d’un récit plus ancien, transmis sans en avoir conscience.

Un prénom, un lien avec l’arbre

Beaucoup d’enfants portent le prénom d’un grand-parent, d’un oncle décédé, d’une marraine admirée ou d’un ancêtre oublié. Ce geste peut être vécu comme un hommage, mais aussi comme une assignation symbolique. L’enfant devient alors le dépositaire d’une mémoire, d’un rôle, parfois même d’une attente affective non formulée. Il ne s’agit pas de blâmer ce choix, mais de prendre conscience de ce qu’il véhicule au-delà de l’intention consciente des parents.

Les doubles prénoms, les héritages complexes

Lorsqu’un enfant porte plusieurs prénoms, chacun d’eux peut renvoyer à une branche différente de la famille, à des identités multiples parfois contradictoires. Cela peut créer un tiraillement symbolique : à qui faut-il être loyal ? Quel héritage faut-il honorer ? Certains prénoms renvoient à des figures idéalisées, d’autres à des morts tragiques, des absents, ou des histoires non digérées. Le prénom devient alors une sorte de pont entre les générations, mais aussi un terrain de tensions intérieures.

Le prénom comme rôle inconscient

Porter un prénom familial peut aussi revenir à jouer un rôle sans le savoir. L’enfant prénommé comme un grand-père disparu jeune peut, sans en avoir conscience, rejouer son destin, ses fragilités, ou sa solitude. Ce phénomène, appelé cristallisation sur un prénom, peut influencer les choix de vie, les émotions, la place dans la famille. L’enfant n’a pas choisi ce prénom, mais il porte avec lui une charge affective transmise, souvent en silence.

Ce que dit un prénom qu’on n’aime pas

Ne pas aimer son prénom, ou ne pas se sentir à l’aise avec lui, peut être le signe d’un décalage entre l’identité assignée et celle que l’on souhaite incarner. Cela ne signifie pas toujours un rejet de la famille, mais peut traduire une envie de se différencier, de rompre avec une mémoire implicite. Parfois, changer de prénom ou en adopter une forme dérivée devient un geste symbolique fort de réappropriation de soi.

Nommer, comprendre, se libérer

Travailler sur les prénoms dans la famille permet de faire émerger des fils invisibles, de mieux comprendre certaines résonances émotionnelles, et d’interroger la place que l’on a pu occuper malgré soi. Ce travail n’a pas pour but de renier ce que l’on a reçu, mais de retrouver de la liberté intérieure, en discernant ce qui vient de l’histoire familiale… et ce que l’on choisit de faire exister à partir de soi.

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