Je reviens toujours sur l’appli : la dépendance aux sites de rencontres

Quand le désir de lien se confond avec le besoin de réassurance.
Il y a ce moment où l’on se dit que c’est fini, qu’on ne téléchargera plus, qu’on se recentre, qu’on se protège. Puis, quelques jours ou semaines plus tard, le réflexe revient. On rouvre l’appli, presque machinalement. On regarde. On scroll. On réinstalle un espoir flou. Ce va-et-vient constant n’est pas une simple hésitation ; il révèle un conflit intérieur plus profond, entre besoin d’apaisement et peur de la solitude.
L’appli comme béquille narcissique
Même sans véritable envie de rencontre, ouvrir l’appli procure une forme de soulagement discret. Une validation potentielle, un petit shoot de reconnaissance, une possibilité de contact. Ce geste devient une réponse automatique à un vide ou à un moment d’angoisse. On ne cherche pas l’amour, mais une preuve fugace qu’on est encore “désirable”.
La circularité du manque
À peine quitté, l’espace des applis redevient attirant. Parce qu’il n’est jamais vraiment clôturé. Ce que l’on abandonne, c’est rarement le dispositif ; c’est plutôt la promesse qui ne s’est pas concrétisée. En revenant, on ne cherche pas tant une nouvelle histoire qu’une autre chance d’y croire à nouveau.
L’illusion de l’action
Faire défiler les profils donne l’impression d’agir, de se remettre en mouvement. Mais cette agitation masque souvent une forme d’impuissance affective. Le désir n’est pas dirigé vers un autre, il tourne sur lui-même, dans une boucle auto-entretenue. Revenir sur l’appli devient une manière d’éviter la confrontation à l’absence.
Le mythe du “peut-être”
L’appli propose toujours un “prochain”. Un profil différent, une nouvelle conversation, un autre début possible. Ce potentiel permanent crée une tension entre espoir et insatisfaction. On revient pour ce que l’on pourrait vivre, mais que l’on ne vit pas. Et cette promesse non tenue devient elle-même addictive.
Un symptôme plutôt qu’une rechute
Ce retour répétitif n’est pas une erreur morale ou un manque de volonté. C’est une manifestation, parfois inconsciente, d’un besoin de sécurisation narcissique. Ce que l’on tente de combler, c’est moins un manque d’amour qu’un vide de soi. Et tant que ce besoin n’est pas pensé, le geste se répétera, même contre notre propre désir de “passer à autre chose”.