Psychologie

Dans les réunions de famille, le silence n’est jamais neutre. Ce qui ne se dit pas — parce que c’est trop conflictuel, trop chargé, trop ancien — circule pourtant entre les corps, les gestes, les regards. Ces silences, loin d’être de simples absences de mots, forment un langage parallèle, chargé d’histoire, de tension et de fidélités invisibles.

Le silence comme stratégie de préservation

Certaines familles s’organisent autour d’un pacte tacite : ne pas parler de ce qui fâche, de peur que tout éclate. Ce silence protecteur, souvent transmis de génération en génération, permet de maintenir une forme d’harmonie de surface. On évite les sujets sensibles — les blessures, les exclusions, les décisions incomprises — pour ne pas remettre en cause l’équilibre fragile du groupe. Mais ce silence, censé protéger, peut aussi figer les relations dans l’immobilité.

Ce qui circule malgré tout

Même lorsqu’aucune parole ne le formule, le non-dit s’exprime ailleurs : dans une raideur corporelle, un regard qui s’évite, une plaisanterie lourde. Ces micro-signaux construisent un climat où chacun·e sait, intuitivement, ce qui ne doit pas être évoqué. Ce langage indirect entretient une tension constante, un malaise diffus où le lien se maintient au prix du refoulement.

L’enfant face au silence

Pour les plus jeunes, ces silences peuvent être déstabilisants : ils perçoivent ce qui est tu, sans pouvoir le nommer. L’absence d’explication nourrit des fantasmes, des culpabilités imaginaires, et parfois une profonde confusion. En grandissant, certain·es choisissent de reproduire ce modèle, d’autres cherchent à le briser — mais toujours, le silence structure une partie de leur rapport au monde.

Rompre le silence autrement

Briser le silence ne signifie pas forcément provoquer une confrontation directe. Il est parfois plus juste de trouver d’autres chemins pour faire exister la parole : par l’écriture, par une mise à distance, ou en se racontant autrement. Reconnaître que ce qui ne se dit pas existe malgré tout, et en porter consciemment une part, permet de ne plus en être entièrement prisonnier·ère. C’est déjà commencer à réécrire l’histoire familiale autrement.


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