Psychologie

Parfois, on tombe amoureux·se dès le premier regard, avant même de connaître l’autre. On est saisi·e, bouleversé·e, projeté·e dans un élan irrationnel. Mais que voit-on vraiment ? Est-ce l’autre, dans sa réalité, dans sa chair, dans sa complexité ? Ou est-ce une image, une silhouette mentale, un fantasme affectif habillé de désir ? Aimer une image, ce n’est pas aimer moins. Mais c’est aimer sans voir, ou sans encore savoir ce que l’on voit. Ce glissement inconscient, fréquent et troublant, est au cœur de bien des relations.

L’amour naît souvent d’un manque, pas d’une rencontre

Avant de rencontrer l’autre, nous portons déjà en nous une attente, un creux, une forme. Nous cherchons à être rejoints dans une histoire intérieure, bien avant d’être en lien avec une réalité extérieure. L’image de l’autre vient alors combler ce vide, lui donner une figure. Le visage rencontré devient support d’un espoir ancien. On ne tombe pas amoureux·se de l’autre ; on tombe dans un monde intérieur qui, soudain, semble s’illuminer.

L’idéalisation comme première passerelle

Dans les premières étapes d’une relation, nous projetons massivement sur l’autre. Ce que nous aimons, souvent, c’est la promesse que l’autre incarne – non sa vérité. Il ou elle devient celui ou celle que l’on attendait sans le savoir. C’est cette illusion, parfois magnifique, qui rend les débuts si intenses. L’autre devient image idéale : douce, forte, rassurante, désirante, entière. Mais cette image est fragile. Elle ne résiste pas longtemps au réel.

Ce que l’on voit, ce que l’on cherche

L’image amoureuse est une construction psychique. Elle s’élabore à partir de nos blessures, de nos manques, de nos souvenirs d’enfance. Elle n’est pas fausse : elle est profondément signifiante. Mais elle ne parle pas de l’autre ; elle parle de nous. C’est pourquoi certaines personnes nous attirent sans raison apparente : elles activent en nous une forme inconsciente, un scénario ancien, un désir de réparation ou de répétition.

Quand l’image devient obstacle à la rencontre

À force d’aimer une image, on peut passer à côté de l’autre. Ce que l’on croit aimer ne correspond pas à ce que l’autre peut donner. C’est souvent dans cette dissonance que naît la déception. L’image se fissure, et l’on se sent trahi·e. Pourtant, ce n’est pas l’autre qui a changé ; c’est le fantasme qui a cessé de fonctionner. Le vrai amour commence parfois à ce moment-là : quand on peut voir l’autre sans le filtre de notre propre désir.

Conclusion : aimer une image, c’est aimer soi-même à travers l’autre

Il n’est pas anormal de tomber amoureux·se d’une image. C’est même souvent le point de départ d’une relation affective. Mais pour aimer l’autre vraiment, il faut se détacher de cette première construction. L’image est un seuil ; elle n’est pas le lien. Traverser cette illusion, sans la mépriser, permet d’entrer dans une rencontre plus juste, plus libre, plus profonde. Là commence peut-être l’amour réel : quand l’autre cesse d’être idéal, et devient vivant.

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