Psychologie

On parle souvent de vivre ensemble, d’unité nationale, de lien social. Mais sur quoi repose encore cette cohésion quand les récits, les cultures, les modes de vie se multiplient sans plus converger ? La question des valeurs communes n’est pas seulement politique, elle est existentielle. Dans une époque marquée par la fragmentation et la défiance, chacun cherche un socle, un terrain symbolique sur lequel reconnaître les autres sans s’y perdre soi-même.

Une quête de stabilité dans un monde mouvant

Les valeurs communes sont souvent invoquées dans les moments de crise. Elles offrent un sentiment de continuité et de repère face à l’imprévisible. Liberté, égalité, fraternité… Ces mots balisent l’imaginaire collectif. Mais que recouvrent-ils encore aujourd’hui ? Sont-ils vécus, partagés, compris de la même manière ? Dans un monde traversé par la mobilité, les écarts sociaux, les mémoires conflictuelles, il devient plus difficile de s’accorder sur un socle. Et pourtant, le besoin reste là : celui d’un terrain symbolique commun, même minime, pour tenir ensemble.

Des valeurs formelles à la pratique réelle

On peut se revendiquer des mêmes valeurs sans jamais les incarner de la même manière. La liberté n’a pas la même résonance pour un étudiant, un soignant ou une personne exilée. L’égalité est un idéal qui reste souvent abstrait. Quant à la fraternité, elle se heurte à la peur de l’autre. Les valeurs communes ne sont pas des idées suspendues, mais des pratiques, des vécus, des tensions. Ce qui fait défaut aujourd’hui, ce n’est pas leur proclamation, mais leur mise en expérience partagée. On croit s’opposer sur les valeurs, alors qu’on ne vit pas les mêmes réalités.

Un besoin de récit plus que de consensus

Il ne s’agit pas d’imposer un modèle unique. Mais d’inventer des récits communs où chacun peut se reconnaître sans se nier. Les valeurs communes ne doivent pas être des normes rigides, mais des espaces narratifs où les histoires se croisent. Ce n’est pas le consensus qui fait lien, mais la possibilité de se dire ensemble. Ce que la société attend, ce n’est pas l’uniformité des opinions, mais un tissu de sens partagé, même conflictuel. Une manière de se penser comme “nous” malgré les désaccords.

Construire du commun sans effacer les différences

Reconnaître qu’il n’existe plus de valeurs évidentes ne signifie pas qu’il faille renoncer à en construire. C’est admettre que ce travail est lent, fragile et sans garantie. Il commence dans les écoles, dans les quartiers, dans les familles, partout où se tissent des liens. Les valeurs communes ne sont pas données, elles se fabriquent, se discutent, s’éprouvent. Et leur force ne tient pas à leur évidence, mais à leur capacité à faire place à ceux qu’on n’entend pas, à celles qu’on oublie, à ceux qui n’ont jamais été inclus dans le “nous”.

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