Psychologie

Certaines personnes ne vivent pas leur parcours professionnel comme une exploration mais comme une quête de refuge. Leur objectif est clair : trouver un poste sûr, un cadre stable, des horaires fixes, un revenu garanti. Ce besoin de sécurité est souvent perçu comme raisonnable, pragmatique, voire mature. Mais pour d’autres, il devient une condition incontournable, non négociable. Ce n’est alors plus seulement de la prudence, mais une réponse à une insécurité plus ancienne, logée dans les fondations de la construction psychique. La stabilité professionnelle devient un rempart contre un sentiment archaïque de vulnérabilité.

La stabilité comme exigence vitale

Lorsqu’une personne est marquée par une histoire familiale faite d’incertitudes, d’instabilités ou de figures parentales imprévisibles, elle peut développer une sensibilité extrême au flou ou à l’imprévu. Tout ce qui n’est pas cadré génère alors une anxiété difficile à contenir. Le CDI, les horaires fixes, la répétition quotidienne agissent comme des contenants rassurants, remplaçant une structure interne fragile. Ce n’est pas tant le poste qui compte que la possibilité de réduire au maximum l’exposition au risque, à la surprise, à l’inconnu. Le travail devient un cocon face au monde vécu comme menaçant.

Exemple : Cécile, sécuriser pour ne jamais revivre le chaos

Cécile, 35 ans, travaille depuis dix ans dans une administration. Elle a refusé plusieurs propositions d’évolution, préférant rester dans une fonction simple, sans pression. Elle avoue que l’idée même de changer de service ou d’équipe lui donne des insomnies. En séance, elle parle d’une enfance marquée par des déménagements fréquents, un père au chômage et une mère anxieuse. Cécile a intériorisé très tôt que la seule manière de se sentir bien était d’éviter tout changement. Ce n’est pas qu’elle manque d’ambition, mais le moindre mouvement ravive une angoisse ancienne : celle que tout s’écroule si l’on ne s’accroche pas fermement à ce qui tient.

Le coût silencieux de l’hyper-sécurisation

À force de chercher la sécurité, certaines personnes finissent par s’enfermer dans des environnements figés, où leur désir est mis entre parenthèses. La prudence devient une forme d’ascèse. Ce qui protège finit aussi par étouffer, car le besoin d’immobilité peut empêcher toute évolution, toute prise de risque, tout apprentissage. L’anxiété n’est pas résolue, elle est seulement contenue — au prix parfois d’un désinvestissement progressif du travail lui-même. Ce n’est pas un choix conscient, mais une stratégie de survie psychique qui finit par s’imposer comme évidence.

Apprendre à habiter l’incertain

Il ne s’agit pas de mépriser la recherche de stabilité, mais d’en interroger la fonction inconsciente. Quand la sécurité devient une obsession, il peut être salutaire d’en comprendre l’origine, pour retrouver une forme de liberté intérieure. Cela ne signifie pas tout bouleverser, mais se permettre de bouger, d’évoluer, de prendre des décisions sans que chaque changement soit vécu comme un danger. Habiter l’incertain, c’est peu à peu retrouver un sentiment de continuité en soi, sans avoir besoin d’un cadre extérieur rigide pour ne pas vaciller.

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