Psychologie

Prolonger ses études, enchaîner les diplômes, retarder l’entrée dans la vie professionnelle. Ce phénomène, de plus en plus répandu, est souvent vu comme une stratégie rationnelle dans un monde incertain. Mais derrière le discours officiel se loge parfois une autre dynamique, plus intérieure : et si ces études longues étaient aussi un refuge, une manière d’éviter le réel ?

Une protection face à l’inconnu

Entrer dans la vie active, c’est affronter une série de renoncements. Perdre la structure connue de l’école, accepter une position débutante, renoncer à une forme d’identité valorisée. Poursuivre ses études permet de retarder ce saut. L’université, avec ses marges, ses libertés, ses cadres souples, offre un environnement protecteur. On y reste étudiant·e, c’est-à-dire dans une forme transitoire, ni tout à fait autonome, ni tout à fait exposé. Ce prolongement peut être un espace d’attente, voire de suspension, dans lequel le monde reste encore à distance.

Une quête de légitimité sans fin

Les études longues sont aussi un moyen d’accumuler des signes de compétence, de mériter sa place dans une société où la peur d’être illégitime est omniprésente. Derrière chaque diplôme, il peut y avoir l’illusion que « plus tard », on sera enfin prêt. Mais ce « plus tard » recule sans cesse. Car ce n’est pas tant le monde que l’on redoute, que le fait de s’y affirmer avec une subjectivité encore floue. Tant que l’on étudie, on ne décide pas vraiment. On perfectionne, on s’informe, on se prépare. C’est rassurant, mais parfois stérile.

Entre loyautés invisibles et peur de trahir

Certaines poursuites d’études ne répondent pas seulement à un désir personnel, mais à une fidélité invisible : réaliser un rêve parental, rester dans le giron familial, éviter de « se détacher trop vite ». D’autres y trouvent une échappatoire à une réalité sociale perçue comme trop dure, trop brutale, ou trop éloignée de soi. Ce n’est pas fuir lâchement, mais se protéger avec les moyens disponibles. L’étudiant·e au long cours porte souvent un conflit intérieur : vouloir exister pleinement, mais craindre de mal choisir, de mal faire, ou de ne pas être prêt·e.

Réinvestir le temps sans s’y perdre

Étudier longtemps n’est pas un problème en soi. Mais encore faut-il pouvoir se demander : qu’est-ce que je cherche vraiment à travers ces années ? Du savoir ? Une place ? Du temps ? Une transition douce ? Réinvestir le sens de ces études, c’est aussi accepter de se confronter à soi : à ses peurs, à ses désirs, à son rythme singulier. Ce n’est pas opposer la fuite à la préparation, mais reconnaître que les deux coexistent souvent. Et qu’apprendre, parfois, c’est aussi s’autoriser à habiter le monde autrement.

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