Psychologie

Certains jouent pour atteindre un objectif, d’autres pour s’en libérer. Mais il existe une modalité plus insidieuse du jeu : celle qui pousse sans relâche à faire mieux, toujours mieux, comme si chaque performance était une tentative de rattrapage intérieur. Le plaisir se transforme alors en exigence, la progression en impératif. Derrière cette course au score ou à l’excellence se cache parfois un mécanisme plus profond : le désir de réparer un soi blessé, incomplet, insuffisant.

L’amélioration comme obsession masquée

Ce type de joueur n’est jamais satisfait. Une victoire appelle la suivante, une réussite efface à peine la précédente. Le jeu n’est plus un loisir, mais un processus de rectification permanente. Il ne s’agit pas de compétition avec les autres, mais d’un combat intérieur contre une image de soi vécue comme inadéquate. Le moindre défaut devient insupportable, la moindre erreur un rappel d’un manque plus ancien. Le jeu sert alors de terrain de perfectionnement narcissique, toujours relancé, jamais achevé.

L’excellence pour combler le défaut d’origine

Pour ces joueurs, progresser n’est pas un but mais une nécessité. L’effort, loin d’être valorisé en lui-même, est absorbé dans une tension constante. Ce besoin de faire mieux trahit souvent un vécu précoce de dévalorisation ou de regard insuffisant. Dans l’univers du jeu, on peut prouver, recommencer, surpasser. On tente de racheter un passé flou, une blessure non formulée, une estime de soi fragile. Mais comme le sentiment d’être « assez » ne vient jamais, la quête de réparation devient infinie.

L’exemple de Maxime, 28 ans

Maxime passe ses soirées à rejouer les mêmes niveaux d’un jeu exigeant, pour améliorer ses scores et optimiser sa stratégie. Il explique qu’il ne “supporte pas de laisser une partie incomplète”, qu’il “doit finir parfait, sinon c’est raté”. Dans sa vie, Maxime a toujours été bon élève, mais n’a jamais eu le sentiment d’être reconnu à sa juste valeur. Il s’est construit sur une exigence silencieuse : ne jamais relâcher, toujours être irréprochable. Le jeu est devenu son miroir intérieur : un espace où il peut tenter, encore et encore, de se sentir légitime.

Une performance qui masque un besoin de reconnaissance

Chercher à s’améliorer n’a rien de problématique. Mais lorsque cette quête devient la seule manière d’exister, elle épuise plus qu’elle ne construit. Le soi réparé que l’on poursuit n’est jamais atteint, parce que la blessure d’origine n’a jamais été entendue. Le jeu, dans ce cas, soulage momentanément mais ne résout rien. Il entretient l’illusion qu’en atteignant un certain niveau, quelque chose se refermera. Comprendre ce qui est vraiment recherché derrière ce “mieux” peut alors ouvrir une autre voie : moins brillante, mais plus habitée.

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