Psychologie

Certains s’inscrivent à une formation non pas pour apprendre un métier ou progresser professionnellement, mais pour ne pas se sentir vides. Dans ces cas-là, le geste de se former ne répond pas à un objectif défini mais à un besoin plus diffus : celui d’exister intérieurement, de se reconnecter à quelque chose de vivant. La formation devient alors un lieu symbolique de régénération, de déplacement, voire de survie psychique.

Apprendre comme rempart contre le vide

Lorsque le quotidien devient trop mécanique, trop répétitif ou trop éloigné du désir, une formation peut apparaître comme un appel d’air. Elle introduit du nouveau, de l’inconnu, une promesse de transformation qui permet de faire face à une sensation de stagnation existentielle. Ce n’est pas le contenu qui importe, mais le fait d’être engagé dans un mouvement. Apprendre permet alors de se sentir à nouveau traversé, mobilisé, même si aucun projet concret n’est encore formulé.

Remplir pour éviter de sentir

Mais ce mouvement peut aussi masquer une angoisse plus profonde. Pour certaines personnes, se former revient à combler un vide intérieur qui ne dit pas son nom. La formation devient une manière socialement valorisée de remplir l’espace psychique, d’éviter l’effondrement, ou le face-à-face avec une sensation d’inutilité. C’est une activité qui occupe, structure, sécurise. Loin d’être anodine, elle agit parfois comme un mécanisme défensif contre une perte de sens plus vaste, qui ne trouve pas d’autres voies d’expression.

L’exemple de Julie : enchaîner pour tenir

Julie, 34 ans, a enchaîné trois formations en deux ans. Elle n’a pas changé de métier, n’a pas exercé dans les domaines abordés, mais dit qu’elle “en avait besoin”. Quand elle parle de cette période, elle la décrit comme une phase où elle se sentait “happée par le vide” dans sa vie personnelle. Les formations lui ont servi de cadre, de rythme, de repère. Elle reconnaît aujourd’hui que ce n’était pas le contenu qui l’attirait, mais l’état de concentration, la stimulation, le fait d’être en lien avec des idées. Julie ne cherchait pas un avenir professionnel : elle cherchait à habiter un présent dévitalisé.

Une quête légitime… à condition de pouvoir l’écouter

Se former pour se sentir vivant n’est pas une stratégie illégitime. Mais si le besoin de sens est remplacé par une accumulation de savoirs sans mise en lien avec soi, le geste d’apprendre peut devenir un évitement de soi-même. Il faut pouvoir entendre ce que cette formation vient nourrir, et ce qu’elle vient empêcher. C’est dans cette lucidité que le mouvement retrouve sa force : non plus remplir un vide, mais reconnaître ce vide pour y inscrire quelque chose de juste, de symbolisant. Le savoir, alors, ne devient pas seulement une protection, mais un chemin.

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