Psychologie

Le jeu collectif ne permet pas seulement de collaborer : il crée des rôles, des fonctions, des dynamiques. Pour certain·es joueurs et joueuses, intégrer une équipe ne relève pas uniquement du plaisir partagé : c’est aussi une manière de trouver une place claire, stable, identifiable, parfois plus rassurante que dans la vie réelle. Là où le monde semble flou ou menaçant, le jeu attribue une mission, une reconnaissance immédiate, une valeur assignée.

La règle du groupe comme apaisement intérieur

Dans les équipes de jeu, chacun occupe une position définie : attaquant, soigneur, stratège, éclaireur. Ce cadre structuré apaise une angoisse plus diffuse : celle de ne pas savoir qui l’on est pour les autres. Le rôle attribué donne une légitimité relationnelle, sans besoin de s’expliquer. On n’est plus “en trop” ni “de côté”, mais partie prenante d’un système fluide. Cette stabilité symbolique compense parfois un vécu relationnel plus chaotique ou imprévisible.

L’inclusion virtuelle comme antidote à l’exclusion vécue

Pour celles et ceux qui se sont sentis marginalisés, mal intégrés ou flous dans leurs groupes sociaux, le jeu devient une scène de réparation implicite. Jouer en équipe permet d’expérimenter l’appartenance sans avoir à convaincre, séduire ou s’adapter. On est inclus d’emblée par la mécanique du jeu. La valeur personnelle n’est plus en jeu : seule compte la contribution. Ce déplacement offre une forme de sécurité affective, même s’il reste conditionné à la performance.

L’exemple de Marion, 29 ans

Marion joue depuis plusieurs années à un jeu de stratégie en ligne, avec un petit groupe d’ami·es qu’elle n’a jamais rencontrés en vrai. Elle est reconnue pour son sens de l’organisation et ses analyses fines. Elle dit que “là au moins, elle sait ce qu’elle vaut, ce qu’on attend d’elle”. Dans sa vie, Marion s’est souvent sentie en décalage, peu entendue, toujours en train de chercher sa place. Le jeu lui offre une autre scène : une place claire, valorisée, où elle n’a pas à justifier sa présence. C’est un soulagement, mais aussi une compensation silencieuse.

Une reconnaissance conditionnelle ?

Trouver sa place dans une équipe de jeu peut restaurer une estime de soi fragilisée. Mais si cette place devient la seule manière de se sentir légitime, elle peut enfermer. La reconnaissance reste liée à une fonction, une performance, un rôle assigné. Dès qu’on ne joue plus, ou qu’on joue mal, la légitimité vacille. Derrière cette dépendance relationnelle fonctionnelle, une autre question se pose : peut-on être accueilli sans condition ? Le jeu y répond partiellement, mais jamais totalement.

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