Psychologie

Il arrive que des larmes surviennent sans prévenir, au cœur d’une séance de méditation. Aucune pensée particulière, aucun souvenir conscient, simplement une émotion qui déborde. Cette expérience, troublante pour ceux qui la vivent, révèle ce que la méditation, dans sa profondeur, peut activer : un relâchement des défenses psychiques qui laisse émerger des affects longtemps contenus. Dans le silence et l’immobilité, le refoulé trouve parfois un passage. Ce ne sont pas des larmes de tristesse immédiate, mais de soulagement, de perte, de reconnaissance d’un manque oublié.

Le calme qui désarme les protections

La vie quotidienne impose une forme de contention émotionnelle permanente. L’agitation, les stimulations, les obligations servent souvent de couvercle. La méditation, en offrant un espace de vide, d’écoute et de suspension, affaiblit ce couvercle. Les premières minutes de calme désorientent, puis, parfois, ouvrent une brèche. Ce n’est pas un effondrement, mais une décompensation discrète. Les larmes ne sont pas un échec de la pratique, mais le signe d’un relâchement de ce qui résistait depuis longtemps à toute expression.

Exemple : des larmes sans raison apparente

Aude, 42 ans, pratique la méditation depuis quelques mois. Lors d’une séance en groupe, elle sent les larmes monter sans qu’aucune pensée claire n’en soit à l’origine. Elle dit s’être sentie “traversée par quelque chose d’ancien”, sans pouvoir le nommer. En séance thérapeutique, elle évoque une enfance marquée par une exigence de force constante. Pleurer était proscrit, même seule. Dans cet espace méditatif, pour la première fois, elle ne se retenait plus. Son corps a parlé avant sa tête. Ce surgissement est venu rompre un silence bien plus ancien que celui de la séance.

Le refoulé affectif à l’épreuve du silence

Le silence méditatif n’est pas toujours paisible. Il agit comme un révélateur de ce qui a été tu, parfois depuis des années. Ce qui n’a pas été pensé, ressenti ou symbolisé peut, dans cet espace particulier, faire retour. Le sujet, mis à nu par l’absence de distraction, se retrouve confronté à des émotions archaïques, à des douleurs originaires. Les larmes sont alors une forme d’élaboration primitive : quelque chose se dit, enfin, par le corps. C’est une langue non verbale du refoulé.

Accueillir les larmes comme un passage, non comme une rupture

Ces pleurs, s’ils sont compris, peuvent ouvrir un chemin de réappropriation de soi. Ils signalent non pas une fragilité, mais une ouverture vers une vérité plus enfouie. Aude, en cessant de se juger, commence à écouter ce que son corps exprime. Elle découvre que ces larmes ne sont pas un accident, mais une forme de réparation. Elles ne viennent pas perturber la pratique, elles la prolongent. Dans leur surgissement, c’est une part du passé qui s’ouvre à la conscience, par la sensation et non par le récit.

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