Psychologie

Certaines personnes ne supportent aucune forme d’autorité verticale. Le simple mot de “hiérarchie” réveille en elles une résistance instinctive, presque viscérale. Ce rejet peut parfois être revendiqué comme un idéal démocratique ou égalitaire. Pourtant, il s’avère que derrière ce discours rationnel se cache souvent un conflit ancien, non symbolisé, avec la figure du pouvoir. Ce n’est pas tant l’autorité en tant que telle qui est refusée, mais ce qu’elle réactive : une expérience passée d’humiliation, d’impuissance ou de domination qui n’a pu être élaborée.

Le pouvoir comme menace archaïque

Dans certains parcours, toute figure d’autorité est vécue comme une menace. Elle rappelle un parent intrusif, autoritaire ou imprévisible, à qui il fallait sans cesse s’adapter, ou contre qui il fallait se défendre sans jamais pouvoir se révolter ouvertement. L’adulte rejette alors toute structure verticale comme s’il s’agissait de rejouer une scène ancienne, où la hiérarchie équivalait à la soumission, à l’écrasement de soi. Le travail devient ainsi le théâtre d’un affrontement latent avec ce passé : chaque manager, chaque règle, chaque processus hiérarchique vient toucher une corde sensible, activant une réponse souvent disproportionnée.

Exemple : Romain, toujours en opposition

Romain, 40 ans, a quitté trois postes en cinq ans, tous dans des entreprises qu’il jugeait “rigides” ou “trop verticales”. Il dit rechercher un environnement horizontal, mais une fois embauché, il entre rapidement en conflit avec ceux qui prennent des décisions. Lorsqu’il évoque son histoire, il parle d’un père militaire, sévère et peu empathique, dont la parole faisait loi. Romain ne parvient pas à différencier une autorité contenante d’un pouvoir écrasant, comme si toute hiérarchie représentait une menace contre laquelle il devait lutter. Ce n’est pas tant l’organisation qu’il rejette que la possibilité de se soumettre sans se sentir anéanti.

Une opposition qui empêche la symbolisation

Dans ces configurations, l’opposition à la hiérarchie fonctionne comme une défense contre une angoisse de répétition. Elle permet au sujet de ne pas se retrouver dans une position infantile, vulnérable, dépendante. Mais cette posture rigide empêche aussi l’intégration de la conflictualité dans le lien, réduisant l’autre à une figure persécutrice. Le refus de toute asymétrie bloque alors l’accès à des expériences professionnelles structurantes. Il prive aussi la personne d’un cadre qui pourrait l’aider à grandir psychiquement, à se différencier sans se désintégrer.

Vers une autorité intérieure

Apaiser ce rejet ne passe pas par une acceptation passive des règles ou des figures d’autorité, mais par une réconciliation intérieure avec les images du pouvoir. Il s’agit de construire une autorité interne qui permette de reconnaître celle des autres sans y voir une attaque. Ce travail demande parfois un déplacement profond : comprendre que l’autorité peut contenir, structurer, encadrer sans forcément détruire. Ce n’est qu’en reconnaissant cette part archaïque blessée que le sujet peut réinvestir une position plus souple, où le lien hiérarchique devient un espace de relation et non un lieu de combat.

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