Psychologie

Dans une société fondée sur l’activité, l’utilité et la performance, ne rien faire est souvent perçu comme une faute ou une perte de temps. L’oisiveté dérange. Elle interroge. Elle met en suspens l’économie du rendement. Pourtant, s’autoriser à ne rien faire n’est pas céder à la paresse, mais accueillir un état de vacance intérieur qui a une fonction psychique essentielle. Là où le faire comble et distrait, le rien expose à soi-même, ouvre un vide que beaucoup préfèrent fuir. Mais ce vide peut aussi devenir un espace fertile, un lieu de respiration et de réappropriation.

Le vide comme lieu de réapparition du sujet

Ce que l’on nomme “ne rien faire” est souvent une mise au repos du moi agissant, une suspension du rôle, du devoir, de la mise en scène sociale. C’est précisément dans ce retrait temporaire que peut réémerger un rapport plus libre à soi. Ce qui remonte alors n’est pas toujours confortable : des pensées vagues, des tensions enfouies, des désirs mis de côté. Le rien réactive ce qui, dans le faire, restait tenu à distance. Mais si ce rien est accueilli, non comme un échec mais comme une expérience, il devient l’occasion de renouer avec ce qui se tait sous la surface.

Exemple concret : une disponibilité intérieure sans fonction apparente

Hélène, 42 ans, raconte s’être surprise un dimanche à rester sur son canapé sans téléphone, sans lecture, simplement là, à regarder la lumière traverser la pièce. Elle s’est d’abord sentie coupable : « J’avais l’impression de perdre du temps. » Puis elle a remarqué une forme de relâchement, une pensée plus souple, un sentiment inattendu d’habiter le moment sans devoir y injecter du sens ou de la productivité. Cette expérience simple, presque anodine, l’a reconnectée à une forme de présence plus nue, moins traversée par la nécessité de se justifier.

Un acte de résistance douce au surinvestissement

Ne rien faire, dans un monde saturé d’objectifs, est un acte subversif. C’est dire non à la tyrannie de l’efficacité, au mythe de l’occupation permanente. C’est aussi une manière d’ouvrir un espace intérieur, où quelque chose peut se déposer, se réorganiser, parfois émerger. Ce n’est pas fuir, c’est se rendre disponible autrement. Le paradoxe, c’est que cette vacance psychique, en apparence improductive, constitue un socle pour une subjectivité plus ancrée, plus vivante. Le sujet n’est jamais aussi présent que lorsqu’il cesse de vouloir prouver qu’il existe.

Apprendre à être, sans faire ni prouver

S’autoriser à ne rien faire, c’est apprendre à se fréquenter autrement que par l’action. C’est tolérer d’être simplement là, sans performance ni attestation, sans réponse à donner. Cela suppose une forme de confiance, mais aussi une capacité à résister au vide apparent de ce moment. Ce rien est une respiration, non un effondrement. C’est dans ce creux que peut s’élaborer un lien plus souple à soi-même, plus silencieux, mais profondément réparateur. Un moment de retrait n’est pas un retrait de soi, mais un retour plus juste à l’essentiel.

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