Psychologie

Dans certaines démarches de coaching, une attente implicite s’installe dès la première séance : celle d’une transformation rapide, spectaculaire, presque miraculeuse. Ce fantasme, souvent inavoué, repose sur l’idée que quelques séances suffiraient à balayer des années de blocages. Le coach serait alors l’agent d’un retournement intérieur, d’une révélation soudaine. Mais cette illusion, bien qu’alimentée par certains discours, se heurte inévitablement à la complexité du réel psychique.

Le besoin de bascule immédiate

Beaucoup de personnes consultent un coach dans un moment de crise, de perte de repères, ou de flottement identitaire. Elles cherchent une prise, un appui, une issue. Dans ce contexte, l’idée d’un changement rapide agit comme un soulagement anticipé : tout pourrait enfin se remettre en place. Cette projection d’un avant et d’un après très net témoigne souvent d’un désespoir latent. Le coaching devient alors l’objet d’un espoir quasi-magique, censé faire basculer l’existence dans une nouvelle version d’elle-même.

Une confusion entre décision et transformation

Il est vrai que certaines prises de conscience peuvent advenir vite. Un mot juste, une reformulation, une image parlante peuvent faire bouger quelque chose. Mais cela ne suffit pas. Le changement réel n’est pas une décision, c’est un processus. Il engage le corps, l’histoire, les représentations, les résistances. Ce qui est décidé n’est pas toujours immédiatement intégré. La personne qui attend une métamorphose rapide risque d’être confrontée à un retour de ses anciens fonctionnements, et de se sentir en échec si tout ne se transforme pas aussi vite qu’espéré.

L’exemple d’Héloïse, 40 ans

Héloïse est directrice de projet. Elle consulte une coach après un burn-out pour “changer de posture”. Dès la première séance, elle exprime le besoin “d’en finir avec ses vieux schémas”. Elle lit, note, applique chaque outil avec rigueur. Mais au bout de trois mois, elle replonge dans ses anciennes mécaniques : surcharge, auto-critique, perfectionnisme. Elle se dit “nulle”, “incapable de changer”. En séance, elle réalise que cette attente de transformation immédiate rejoue un vieux scénario : devoir réussir tout de suite pour être aimée. Le coaching n’a pas échoué — il a simplement confronté Héloïse à la lenteur de tout travail réel.

Une promesse amplifiée par le contexte

La culture contemporaine valorise l’instantané : résultats rapides, changements visibles, performance continue. Le coaching, parfois influencé par des logiques de marketing, entretient malgré lui cette idée d’une efficacité immédiate. Certains coachs, pris dans la pression du résultat, en viennent à sur-promettre. Mais à force de vouloir tout résoudre en quelques séances, on finit par évacuer ce qui résiste, ce qui demande du temps, ce qui échappe à la technique.

Réhabiliter la lenteur et l’inattendu

Un accompagnement juste suppose de déconstruire l’idée d’un changement maîtrisé, rapide et linéaire. Il faut accueillir les allers-retours, les stagnations, les redites. Il n’y a pas de transformation durable sans un certain degré d’inconfort et d’errance. Le coach peut alors devenir un témoin actif, non pas d’un miracle instantané, mais d’un mouvement discret, progressif, parfois invisible — mais profondément vivant.

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