Psychologie

Se rendre dans un spa ou recevoir un soin corporel suppose de se dévêtir, de s’abandonner, de se montrer sans défense. Pour certain·es, ce geste simple est une évidence. Pour d’autres, il réveille une gêne sourde, une tension ancienne, difficile à nommer. Sous l’apparente douceur de l’expérience, le corps nu redevient un lieu chargé, porteur de mémoire, d’histoire, de blessures. Et le soin devient alors un espace de mise à nu bien plus vaste que la seule peau.

La nudité comme seuil symbolique

Se déshabiller dans un lieu de soin, ce n’est pas seulement retirer un vêtement. C’est déposer une part de ce qui protège, contrôle, rassure. La pudeur ne dit pas uniquement la gêne face au regard des autres, elle révèle aussi la fragilité de l’image de soi. Pour certaines personnes, se montrer dans une posture de détente, allongée, exposée, ravive des souvenirs où la vulnérabilité n’était pas respectée. Ce contexte d’apparente sécurité peut alors créer une tension paradoxale : vouloir se détendre tout en se tenant sur ses gardes.

L’exemple de Sophie, envahie par une émotion imprévue

Sophie, 38 ans, reçoit un massage dans un spa pour son anniversaire. L’ambiance est calme, feutrée, rassurante. Mais dès les premières minutes, elle sent monter une émotion brutale, presque honteuse. Ce n’est pas la douleur, ni l’inconfort physique, mais une sensation d’exposition qu’elle ne s’explique pas. Après la séance, elle confie s’être sentie “vue” d’une manière qu’elle n’avait jamais connue, sans filtre. Elle comprend plus tard que ce moment a réveillé une époque de sa vie où elle ne se sentait jamais en sécurité dans son propre corps.

Le soin corporel comme miroir inconscient

Recevoir un soin corporel, c’est être touché sans devoir réagir. Ce simple fait peut faire remonter des vécus enfouis, souvent liés à la manière dont le corps a été regardé ou ignoré dans l’enfance. Le toucher neutre, respectueux, peut ainsi rouvrir des zones psychiques que les mots n’avaient jamais pu atteindre. On se sent soudain triste, honteux, soulagé ou confus, sans comprendre pourquoi. Le corps parle, dans un langage ancien, que le soin vient réveiller par la sensation.

Une vulnérabilité à apprivoiser, pas à fuir

Ce que le soin révèle, ce ne sont pas nos défauts, mais nos zones sensibles. Être mis à nu ne signifie pas être mis à mal : cela peut devenir un acte de reconnaissance. Si la première réaction est la gêne ou la défense, elle mérite d’être entendue, pas contournée. Prendre conscience que l’exposition du corps réactive des failles anciennes, c’est déjà se réapproprier une part de soi trop longtemps tue. Le soin devient alors un terrain de réparation silencieuse.

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