Psychologie

Beaucoup expriment aujourd’hui un besoin presque vital de lumière naturelle. Une pièce sans fenêtre est perçue comme invivable, une journée grise comme oppressante. On parle de bien-être, de vitamine D, de régulation du moral. Mais au-delà des justifications biologiques, ce besoin d’exposition à la lumière du jour peut révéler un manque plus profond, un besoin symbolique de réparation, de clarté intérieure, de visibilité psychique. La lumière ne réchauffe pas seulement le corps, elle éclaire aussi une part de soi qui, sans elle, reste en retrait.

La lumière comme contact avec une présence extérieure contenante

Dans de nombreux récits, la lumière est associée à la sécurité : elle marque le jour, repousse l’angoisse de la nuit, donne à voir. Elle agit comme un cadre externe qui structure le temps et l’espace, et par là-même le moi. Pour certaines personnes, vivre dans un endroit lumineux ne relève pas seulement d’un confort sensoriel, mais d’un besoin fondamental de soutien extérieur. La lumière devient alors un tiers rassurant, qui remplace une présence manquante ou instable, et permet d’éviter un retour trop brutal à une intériorité floue ou menaçante.

Exemple concret : chercher la lumière pour ne pas sombrer

Émilie, 32 ans, choisit toujours des appartements traversants, passe du temps près des baies vitrées, refuse de tirer les rideaux, même la nuit. Elle dit que la lumière lui « fait du bien », mais en séance, elle évoque des souvenirs d’enfance passés dans des pièces sombres, liées à des humeurs instables et imprévisibles chez ses parents. La lumière est devenue, pour elle, une manière de tenir à distance l’opacité émotionnelle, une garantie de lisibilité. Elle n’éclaire pas seulement l’espace, elle rassure, elle rassure sur l’existence même d’un dehors stable.

La quête de lumière comme tentative de recomposition psychique

Pour certains, la lumière permet de restaurer une forme de cohérence intérieure. Ce n’est pas le noir en soi qui dérange, mais ce qu’il déclenche : une désorientation, une perte de contour, une sensation de disparition symbolique. Le soleil, la clarté, deviennent alors des repères matériels pour structurer un moi fragilisé. Le besoin d’exposition quotidienne peut ainsi traduire une angoisse plus ancienne, réactivée sans toujours être nommée. Ce qui semble être un simple confort relève parfois d’un travail psychique permanent de stabilisation.

Habiter la lumière autrement : non plus pour combler, mais pour accompagner

Il ne s’agit pas de réduire l’amour de la lumière à un symptôme, mais de reconnaître qu’il peut aussi servir de béquille symbolique. Émilie, en parvenant à tolérer certaines zones d’ombre, commence à distinguer ce qui, dans la lumière, relève du réel et ce qui relève d’une nécessité affective. Elle découvre qu’elle peut habiter un espace moins saturé sans perdre ses repères. La lumière reste précieuse, mais elle n’est plus l’unique condition de sa sécurité. Elle devient un accompagnement, et non un rempart.

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