Psychologie

Changer de poste, perdre un emploi, devenir parent, quitter une équipe, prendre une retraite anticipée… Autant de moments où l’identité vacille, où les repères cèdent. Face à ces passages de vie, de plus en plus de personnes sollicitent un accompagnement. Le coaching de transition agit alors comme un rituel contemporain : il vient baliser une traversée intérieure, et contenir ce que la perte menace de faire surgir.

Des moments où l’identité se fragilise

Certaines transitions ne sont pas spectaculaires, mais profondément déstabilisantes. Elles touchent à ce qui nous a construits : une fonction, un rôle, une relation, une routine. Lorsqu’elles s’imposent, elles ouvrent un vide, un flottement identitaire. Ce qui tenait — parfois depuis des années — ne tient plus. Le coaching est alors sollicité pour aider à “rebondir”, “se repositionner”, “retrouver de la clarté”. Mais sous ces formulations techniques, c’est souvent une peur plus ancienne qui se rejoue : celle d’être sans contour, sans nom, sans valeur.

Un dispositif pour maintenir une continuité symbolique

Le coaching de transition permet de poser des jalons, de structurer l’entre-deux. Il offre des repères temporaires là où tout semble incertain. Il fait fonction de tiers symbolique, venant encadrer le moment de vacillement. En ce sens, il joue le rôle que jouaient autrefois certains rites de passage : accompagner la perte d’un statut et la traversée vers un autre. Mais à la différence d’un rituel traditionnel, il ne repose pas sur un collectif ou une communauté : il est individuel, discret, souvent silencieux. C’est une tentative moderne de réguler une mutation identitaire sans effondrement.

L’exemple de Nathalie, 44 ans

Nathalie a quitté son poste de directrice de communication après une réorganisation. Elle consulte une coach pour l’aider à “préparer la suite”. Mais très vite, ce n’est plus la recherche d’emploi qui occupe l’espace, mais un sentiment d’inutilité. Elle dit : “Je ne sais plus qui je suis quand je ne travaille pas.” Le coaching devient un lieu où elle peut penser cette désorientation, sans être immédiatement renvoyée à une action. Nathalie finit par reprendre une activité, mais dans un autre registre, moins valorisé socialement, mais plus proche de son désir. Ce n’est pas une reconversion visible : c’est un déplacement identitaire, rendu possible par un espace de transition sécurisé.

Contenir la perte pour mieux la traverser

La fonction principale du coaching de transition n’est pas de résoudre un problème, mais de soutenir un mouvement de passage. Il s’agit de tolérer le vide, sans le combler trop vite. D’accepter que l’identité se défasse partiellement, pour pouvoir se reformuler. Ce travail demande du temps, de l’écoute, une capacité à ne pas précipiter les solutions. Car c’est souvent dans la hâte à “retrouver quelque chose” que le sujet s’éloigne de lui-même.

Vers une culture de la traversée

Dans un monde qui valorise la rapidité et la réussite visible, le coaching de transition invite à redonner du sens aux étapes silencieuses. Il rappelle que toute perte n’est pas un échec, mais parfois la condition d’un réajustement plus profond. Il ne s’agit pas seulement de retrouver une place, mais de retrouver une forme intérieure d’accord. Ce type d’accompagnement, quand il échappe à la pression du résultat, devient alors un lieu rare : celui où l’on peut désirer à nouveau, non pas pour faire, mais pour être autrement.

Trouver un psy