Psychologie

Le coaching et la psychanalyse relèvent de deux logiques distinctes : l’un oriente vers le changement, l’autre vers l’élaboration. Pourtant, dans certains parcours, le coaching agit comme une première étape vers un travail plus profond. En permettant l’émergence d’un questionnement, en déstabilisant certaines certitudes, il ouvre parfois l’accès à une parole que le sujet n’était pas encore prêt à prononcer dans un cadre thérapeutique. Le coaching devient alors un sas, un espace préparatoire, voire un déclencheur d’analyse.

Dire sans encore comprendre

Le coaching individuel repose souvent sur une parole agissante : on nomme un objectif, on identifie un blocage, on cherche des leviers. Mais dans ce mouvement, il arrive que le sujet touche à des zones qu’il ne s’attendait pas à effleurer. Une émotion surgit, une répétition se dévoile, une incohérence se creuse. Ce qui devait être une réponse rapide devient un terrain d’étonnement. Le coaching, dans ces cas-là, n’éclaire pas seulement une situation, il met en tension un rapport à soi. Le sujet commence à parler au-delà de l’objectif.

Quand le cadre ne suffit plus

Certains coaches expérimentés sentent vite quand le cadre de l’accompagnement devient trop étroit pour ce qui se joue. La demande initiale – mieux communiquer, retrouver de la motivation, faire un choix – glisse vers des affects plus profonds : peur de ne pas exister, sentiment d’imposture, conflit de loyauté. Le sujet cherche une solution, mais ce qu’il rencontre, c’est une faille. Le coaching peut alors montrer ses limites : il permet d’approcher ce qui souffre, mais pas toujours de le symboliser. C’est à cet endroit que peut surgir le désir d’un autre cadre, plus profond, plus libre.

L’exemple de Jérôme, 46 ans

Jérôme est cadre supérieur. Il consulte une coach pour l’aider à “mieux gérer la pression”. Très rapidement, il évoque une peur paralysante de décevoir, une sensation d’étouffement dans son rôle. À chaque proposition concrète, il revient à ce ressenti. La coach l’accompagne dans l’exploration, sans chercher à aller trop loin. Mais au bout de quelques mois, Jérôme formule une demande inattendue : “Je crois que je devrais parler à quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui pourrait m’aider à comprendre pourquoi je me sens coupable tout le temps.” Le coaching a ouvert une porte. Il ne s’agit plus de mieux fonctionner, mais de comprendre d’où vient la douleur.

Un seuil plus qu’une solution

Il serait illusoire de penser que tout coaching mène à une psychanalyse. Mais dans certains cas, il agit comme une phase de pré-conscience : un seuil. Le sujet commence à parler, à entendre ce qu’il dit, à percevoir une faille qu’il ne peut combler par l’action. Le coaching, lorsqu’il ne nie pas cette limite, peut accompagner cette bascule sans la forcer. Il cesse alors d’être un outil de résolution, pour devenir un tremplin vers une élaboration plus intime.

Ne pas confondre fonction et vocation

Le danger serait de psychologiser le coaching, de le travestir en psychanalyse rapide. Mais lorsqu’il accepte de n’être qu’un fragment de parcours, il peut jouer un rôle précieux. Il autorise une parole encore fragile, une écoute structurée mais souple, une première forme d’adresse. C’est parfois tout ce qu’il faut pour que naisse, ailleurs, le désir d’un autre type de travail : non plus pour faire évoluer une situation, mais pour se comprendre soi.

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