Psychologie

Il est des moments où le corps flanche sans raison apparente. Une fièvre inexpliquée, un malaise soudain, une douleur tenace. On cherche, on examine, parfois on ne trouve rien. Mais au-delà de la cause biologique, une autre lecture peut émerger : et si tomber malade permettait de mettre à distance ce qui, autrement, serait insoutenable ? La maladie devient alors un langage oblique, une manière silencieuse mais efficace de dire non à une situation vécue comme impossible.

Un arrêt que l’on ne s’autorise pas autrement

Dans des contextes de pression, de loyauté ou d’épuisement, le corps peut s’imposer comme seul moyen d’interrompre un mouvement devenu toxique. Ce que la parole ne parvient pas à poser comme limite, le corps l’incarne en devenant malade. Il n’y a rien de volontaire dans ce processus, mais un mécanisme inconscient de protection. La maladie surgit alors comme un écran, une barrière entre soi et une réalité intenable. Elle permet une pause qu’on ne se serait jamais permise autrement.

L’exemple de Nathalie, une démission impossible

Nathalie, 45 ans, travaille depuis dix ans dans une entreprise où elle subit des micro-agressions constantes. Pourtant, elle tient, sans se plaindre, sans s’arrêter. C’est au moment où elle reçoit une mission de trop que son corps lâche : vertiges, nausées, insomnies. Elle doit s’arrêter. Aucun diagnostic précis, mais un épuisement général. Pendant son arrêt, elle réalise qu’elle ne supportait plus cet environnement, mais ne s’était pas autorisée à le reconnaître. Son corps, en tombant malade, a dit non pour elle.

Dire sans affronter

La maladie peut fonctionner comme un langage indirect. Plutôt que d’affronter un conflit, une perte ou une vérité difficile, elle permet un déplacement. On n’a pas à expliquer, à se justifier : le corps s’en charge. Cette mise à distance est parfois salvatrice. Elle évite l’effondrement psychique, elle suspend l’inacceptable. Mais elle a aussi un coût : celui de faire porter à la chair ce que l’âme n’a pas pu encore intégrer.

L’ambivalence du symptôme

Il ne s’agit pas de penser que toute maladie a une origine psychique. Mais dans certains cas, la fonction de la maladie dépasse sa simple dimension organique. Elle devient un refuge ambigu, un lieu d’arrêt temporaire. Elle peut permettre un réajustement intérieur, à condition d’être écoutée. Car si elle est niée ou combattue sans en comprendre le sens, elle risque de se figer, de se répéter, de devenir un message toujours plus pressant.

Entendre ce que le corps interrompt

Reconnaître la fonction symbolique de certaines maladies, ce n’est pas les minimiser. C’est leur redonner une dignité humaine, une profondeur, une portée. C’est comprendre qu’il est parfois plus facile d’avoir mal que d’exprimer une colère, un refus, une peur. Et que le corps, dans sa manière silencieuse, n’a pas voulu trahir, mais préserver. Écouter ce qu’il met à distance, c’est déjà commencer à revenir vers soi.

Trouver un psy