Psychologie

Il y a ces douleurs qu’on connaît trop bien. Céphalées, tensions crâniennes, migraines récurrentes. Des maux qui montent quand on pense trop, quand on retient, quand on ne dit pas. Et si ces douleurs n’étaient pas seulement une surcharge mentale, mais une manifestation de ce que l’on n’ose pas exprimer ? Le corps, encore une fois, devient l’espace où se loge ce qui ne trouve pas sa place dans le langage.

Le contrôle comme tension invisible

Pour beaucoup, le mal de tête survient au moment où l’esprit aurait besoin de s’arrêter mais ne s’autorise pas à le faire. Trop de choses à gérer, trop d’émotions à contenir, trop de paroles retenues. Le symptôme apparaît comme une pression interne devenue insupportable, que le corps traduit en douleur. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas de cause organique, mais qu’il existe aussi une logique symbolique dans cette douleur localisée au sommet du corps : là où se concentrent les pensées, les hésitations, la volonté de maîtrise.

L’exemple de Céline, penser sans relâche

Céline, 36 ans, subit des migraines chroniques depuis trois ans. Rien d’alarmant sur le plan médical. En thérapie, elle évoque sa difficulté à dire non, à poser ses limites, à affirmer un désaccord. Elle pense beaucoup, rumine, anticipe. Mais elle ne verbalise que rarement. Son mal de tête devient alors une forme de décharge silencieuse. Ce que sa bouche ne dit pas, son crâne finit par porter. En travaillant sur ses inhibitions de parole, elle découvre que ses douleurs, lentement, s’espacent.

Une parole empêchée, une douleur imposée

Le mal de tête agit souvent comme une censure inconsciente. C’est une tension entre le désir d’exprimer et la peur des conséquences. On se tait pour ne pas blesser, pour ne pas déranger, pour ne pas perdre. Mais cette retenue a un coût. Ce que l’on garde pour soi ne disparaît pas. Cela monte, sature, s’imprime. Le symptôme devient alors une solution : ne pas dire, mais faire mal. Ne pas parler, mais faire savoir autrement.

Distinguer entre saturation et suradaptation

Tout mal de tête n’est pas un signe de refoulement. Mais quand il revient régulièrement dans les moments de tension relationnelle ou de conflit intérieur, il peut être lu comme une saturation émotionnelle mal canalisée. Certaines personnes suradaptées mentalement — toujours prêtes à comprendre, à s’ajuster — finissent par porter trop. Le symptôme dit alors ce que l’identité ne peut pas encore affirmer : “je n’en peux plus”, “je ne veux plus”, “je ne suis pas d’accord”.

Libérer la parole pour soulager le corps

Il ne suffit pas de tout dire pour guérir. Mais trouver les mots pour ce que l’on retient, dans un cadre sécurisé, peut permettre d’alléger le symptôme. Le mal de tête ne part pas par la force, mais par le dégagement progressif de ce qu’il portait pour nous. Ce chemin demande du temps, parfois de l’aide, mais il ouvre une voie. Celle où le langage redevient possible. Et où le corps peut, enfin, cesser de porter seul le poids du non-dit.

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