Psychologie

Le coaching se présente souvent comme une démarche orientée vers l’avenir, le concret, le progrès. Contrairement à la thérapie, il ne s’attarde pas sur le passé, ne questionne pas les fondations affectives, ne plonge pas dans l’inconscient. Mais c’est justement ce qui attire certaines personnes : aller mieux, sans avoir à revisiter ce qui fait mal. Derrière la clarté du cadre et l’efficacité apparente du coaching, se cache parfois une stratégie d’évitement psychique — celle d’un sujet qui souffre, mais ne veut pas le savoir.

Choisir le coaching pour rester dans l’action

Pour beaucoup, s’engager dans une thérapie évoque la faiblesse, l’exposition, le risque de s’enliser. Le coaching, à l’inverse, est perçu comme une démarche dynamique, valorisante, presque professionnelle. On y « avance », on « clarifie », on « se redresse ». Cette orientation vers la solution séduit particulièrement ceux pour qui la douleur psychique est menaçante. Ils cherchent à « traiter un problème » sans se confronter à son origine. Le coaching devient alors un moyen de se remettre en mouvement sans avoir à toucher la source du malaise.

L’illusion d’un changement sans mise en danger

Dans cette configuration, le coaching est investi comme un espace protecteur : on peut parler, mais pas trop. Le cadre est balisé, les émotions encadrées, les liens avec le passé laissés de côté. C’est une manière de garder le contrôle. Ce qui est redouté, ce n’est pas tant le changement, mais l’effondrement. Le coaching, dans sa version la plus rassurante, devient un sas — parfois utile — mais qui peut aussi devenir un piège, si le sujet s’y installe pour ne jamais affronter ce qui résiste en lui.

L’exemple de Nicolas, 43 ans

Nicolas est cadre supérieur. Il consulte une coach pour l’aider à “gérer une tension” avec un collègue. Les séances sont fluides, structurées, orientées vers la communication assertive. Mais rapidement, la coach perçoit une colère contenue, une tristesse qui ne se dit pas. Elle lui propose d’explorer plus en profondeur. Il refuse : “Je ne suis pas là pour ça.” En réalité, Nicolas vit une réactivation de conflits anciens non élaborés avec une figure paternelle autoritaire. Le coaching lui offre un cadre maîtrisé, mais qui l’empêche aussi de toucher à la blessure plus archaïque. Tant qu’il reste dans ce cadre, il améliore sa posture sans jamais comprendre ce qui l’a figée.

Une confusion entre besoin de soutien et besoin d’élaboration

Le coaching est précieux quand il soutient un processus déjà en cours. Mais lorsqu’il est sollicité pour éviter une souffrance plus profonde, il devient une défense. L’accompagné veut aller mieux, mais refuse d’entrer en contact avec ce qui l’empêche de bouger. Il attend des solutions sans passer par l’angoisse, des résultats sans mise en péril. Le coach, dans ces cas-là, est confronté à une impasse : accompagner sans jamais pouvoir toucher ce qui fait mal, sans quoi la demande s’effondre.

Quand le coaching a besoin d’un relais

Il ne s’agit pas d’opposer coaching et thérapie, mais de reconnaître la nature différente de ces deux cadres. Le coaching agit sur le comment ; la thérapie sur le pourquoi. Dans certains cas, le coach peut aider à nommer la limite du cadre, et orienter – avec délicatesse – vers un travail plus profond. Encore faut-il que le sujet soit prêt à quitter le confort de la mise à distance. Car ce n’est pas tant la douleur qui paralyse, que la peur de la rencontrer sans ressource. C’est à cet endroit précis que le travail thérapeutique commence — là où l’action cède enfin la place à une parole plus intime.

Trouver un psy