Quand le corps parle pour l’âme : les plaintes sans cause apparente

Fatigue inexpliquée, vertiges sans origine, douleurs diffuses ou sensations étranges : de nombreux motifs de consultation médicale échappent au diagnostic classique. Face à ces plaintes sans cause apparente, le discours médical se heurte à une impasse. Mais si l’on change de regard, ces symptômes flous peuvent devenir les porteurs silencieux d’une détresse psychique non dite. Le corps, en l’absence de mots, devient le seul langage possible.
L’indéterminé comme signe d’une souffrance invisible
Lorsqu’un patient consulte pour des sensations vagues et non localisables, le réflexe est de chercher la cause, de vouloir nommer, catégoriser. Pourtant, certains symptômes résistent à l’interprétation biologique parce qu’ils relèvent d’une autre logique : celle du déplacement psychique. Ce n’est pas le corps qui trahit, c’est l’âme qui, ne trouvant pas de voie d’expression directe, parle à travers lui. Ce sont des appels déguisés, impossibles à dire autrement.
L’exemple de Sonia, 41 ans, et ses malaises flous
Sonia consulte son médecin depuis des mois pour des vertiges et une impression d’instabilité. Aucun bilan ne révèle d’anomalie. À mesure que la parole se libère, une autre piste émerge : la perte brutale d’un frère, jamais vraiment élaborée. Elle dit ne pas s’en souvenir clairement, ne pas y penser. Mais le corps, lui, semble s’être souvenu. Ses malaises apparaissent toujours dans des contextes de séparation. Le symptôme devient ainsi une mémoire flottante, qui cherche à se dire autrement.
Le symptôme, tentative de représentation
Ces plaintes sans cause organique identifiée ne sont pas fictives. Elles traduisent une tentative de représentation de ce qui ne peut pas être pensé ou symbolisé. Le symptôme fonctionne comme une mise en scène corporelle d’un affect trop archaïque pour la parole. Il n’invente rien, il traduit autrement. Il faut pour cela un cadre d’écoute qui ne cherche pas seulement à éliminer, mais à entendre ce que cette plainte pourrait signifier au-delà de son apparence clinique.
Une reconnaissance qui ouvre à une autre forme de soin
Pour que le corps n’ait plus à tout dire, il faut que la parole reprenne sa place, même balbutiante. Cela ne signifie pas qu’il faut nécessairement une psychothérapie, mais une reconnaissance : ce que vous ressentez existe, même si nous ne pouvons pas encore l’expliquer médicalement. Dans certains cas, c’est cette validation symbolique qui allège le symptôme. Le corps n’a plus besoin de crier quand l’âme commence à être écoutée.