Psychologie

Et si les douleurs physiques n’étaient pas toujours dues à un dysfonctionnement organique mais à un conflit psychique qui ne trouve pas d’autre issue ? Dans une société qui valorise le langage, nous oublions parfois que le corps lui aussi parle, à sa manière : silencieusement, en résistant, en souffrant.

Le langage somatique : une voie d’expression oubliée

Certaines douleurs chroniques ou récurrentes semblent contourner le langage verbal pour s’inscrire directement dans la chair. Quand l’esprit n’ose ou ne peut pas dire, le corps devient le théâtre muet d’une tension trop lourde à porter. C’est ainsi qu’un mal de dos, des migraines ou des troubles digestifs peuvent porter en eux une histoire émotionnelle ou relationnelle qui n’a pas été reconnue. Ce n’est pas l’invention d’un esprit malade, mais bien un appel à être entendu différemment, au-delà des examens médicaux parfois impuissants à expliquer l’origine du mal.

Le symptôme, une tentative de solution

Plutôt que de voir le symptôme comme un problème à éradiquer, la psychosomatique propose de l’envisager comme une solution imparfaite à une impasse intérieure. La douleur devient alors une tentative d’équilibre, un compromis entre ce qui ne peut être exprimé et ce qui ne peut être ignoré. Par exemple, une personne en conflit avec son besoin de contrôle peut développer des troubles respiratoires qui symbolisent une difficulté à « lâcher prise » ou à « respirer librement ». Le symptôme n’est pas l’ennemi, il est un message.

Exemple : Julie, 37 ans, et ses douleurs abdominales

Julie, cadre dans une agence de communication, souffre de douleurs abdominales depuis plusieurs années. Aucun diagnostic clair n’a été posé. Lorsqu’elle entame une thérapie, une autre histoire émerge : celle d’une tension constante entre son besoin de réussite et une culpabilité inconsciente d’avoir quitté sa famille modeste. Son ventre semble exprimer ce tiraillement non formulé entre l’ascension et la loyauté. En le regardant autrement, le symptôme devient une boussole, non un verdict.

Reconnaître sans réduire

Il ne s’agit pas de tout psychologiser ni d’évacuer les causes médicales. Mais reconnaître une part symbolique dans les manifestations corporelles, c’est redonner une complexité et une humanité à ce que nous vivons. Le corps n’est pas qu’une mécanique à réparer : c’est aussi une mémoire, un espace de traduction du vécu. Écouter un symptôme, c’est parfois s’autoriser à entendre ce que l’on n’a jamais voulu voir, ou ce qu’on n’a pas su nommer.

Conclusion : une autre écoute du corps

Apprendre à décoder les messages du corps demande du temps, de l’accueil et parfois un accompagnement. Ce n’est pas un chemin magique, mais une manière plus fine de comprendre ce qui nous traverse. Quand le corps parle, il ne cherche pas à saboter notre vie, mais à nous orienter vers une vérité plus intime, enfouie, et souvent libératrice.

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