Psychologie

Se détendre. Oublier la pression. S’accorder du bon temps. Ces injonctions sont devenues omniprésentes dans les sociétés modernes, où le loisir est valorisé comme remède au stress. Séries, jeux vidéo, sport, sorties : chacun·e cherche sa soupape. Mais à force de multiplier les distractions, certains finissent par ne plus supporter le vide. Et si, derrière cette course au divertissement, se cachait un besoin inconscient de fuir ce qui remonte quand le silence s’installe ? Le loisir, à dose excessive, peut-il devenir une barrière contre l’angoisse existentielle ?

Détente ou diversion ?

Il est sain de chercher des activités plaisantes pour relâcher les tensions. Mais lorsque le moindre moment libre est comblé d’occupations, cela peut traduire une difficulté à rester seul avec soi-même. L’activité remplit alors une fonction défensive : elle empêche de penser. De nombreux patients en thérapie décrivent cette crainte du vide, où l’esprit s’emballe, où surgissent des questions existentielles, ou des douleurs affectives non résolues. La distraction devient alors une stratégie de fuite, plus qu’un simple loisir.

Le bruit contre l’angoisse

Ce qui fait peur, ce n’est pas le silence en soi, mais ce qu’il révèle. Le vacarme constant — même agréable — permet de maintenir à distance les affects enfouis. Certains évitent ainsi de se confronter à la solitude, à la mort, à la sensation de ne pas être à la hauteur. En se maintenant en mouvement, ils contrôlent le surgissement de ce qui, autrement, les déborderait. Ce mécanisme, souvent inconscient, peut s’installer durablement et générer une dépendance aux stimulations externes.

L’exemple de Thomas, entre détente et fuite

Thomas, 38 ans, travaille dans une agence d’événementiel. Son agenda est rempli. Le soir, il alterne entre dîners, séries et entraînements sportifs. Il se sent « vivant » tant que quelque chose se passe. Mais il avoue qu’un dimanche vide l’angoisse terriblement. En séance, il évoque une adolescence solitaire, marquée par le repli après le divorce de ses parents. Dès qu’il ne s’occupe plus, remontent des sensations de vide, d’inutilité, une impression de ne pas exister. Ce qu’il nommait « besoin de se détendre » est devenu une fuite organisée face à lui-même.

Retrouver une détente habitée

Il ne s’agit pas de renoncer aux loisirs, mais de redonner sens à leur usage. Quand une activité n’est plus choisie mais imposée par une peur, elle perd sa fonction apaisante. Il devient alors nécessaire de réapprivoiser les espaces de silence, de ralentissement, pour y écouter ce qui cherche à émerger. La détente profonde ne vient pas de la diversion, mais de la capacité à être avec soi sans peur. C’est un apprentissage exigeant, mais c’est là que commence une paix véritable, non plus défensive, mais intérieure.


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