Psychologie

Il y a ces consultations où l’on repart avec une ordonnance, même minime, même symbolique. Et ce simple papier, parfois, suffit à apaiser. Le médicament prescrit agit peut-être, ou pas, mais ce qui soulage, souvent, c’est moins la molécule que le geste. L’ordonnance devient une preuve. Une trace. Une réponse incarnée à une plainte intérieure. Pourquoi ce besoin d’objet concret pour se sentir entendu ?

Un soulagement qui passe par le papier

Le médicament, ou plus largement la prescription, n’a pas qu’une fonction thérapeutique. Il sert souvent de témoin d’un lien, d’une attention portée, d’une reconnaissance. Face à une souffrance floue, émotionnelle, ou peu légitime dans le discours social, la parole du médecin seule peut sembler insuffisante. Sans prescription, le doute revient : « Ai-je exagéré ? M’a-t-il compris ? Est-ce sérieux ? » Le document prescrit devient une attestation : cela existe, je ne l’ai pas inventé.

L’exemple d’Antoine, 38 ans, et son besoin de reconnaissance

Antoine consulte pour des douleurs somatiques changeantes. Il repart régulièrement avec de petites prescriptions, parfois homéopathiques, parfois symboliques. Quand son médecin tente de proposer un accompagnement sans ordonnance, il se sent rejeté, inquiet. En thérapie, il découvre que ces papiers ont toujours joué pour lui un rôle de reconnaissance. Enfant, il ne recevait d’attention qu’en cas de maladie. Le soin prescrit vient combler un vide ancien : être enfin vu.

Le manque de réponse verbale

La parole médicale, bien qu’essentielle, reste parfois trop abstraite. Quand la plainte est floue, diffuse, intérieure, la parole seule peut paraître inopérante. Le corps réclame une réponse, et la prescription incarne ce geste. Elle a un poids, une forme, une validité sociale. Elle rassure, car elle déplace la plainte sur un terrain légitime : celui de la médecine, du traitement, de la prise en charge explicite. Le symptôme, même incompris, est ainsi validé.

Une attente plus large que le soin

Demander une ordonnance, ce n’est pas toujours chercher une solution. C’est parfois vouloir une preuve que l’on a été entendu. Cette demande peut être mal comprise par le médecin, qui y voit une pression thérapeutique. Mais du point de vue du patient, il s’agit d’un besoin profond de contenance. Le corps souffrant réclame un objet de soin. Et tant qu’aucune autre parole ne vient le porter, le papier devient support.

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