Psychologie

Certaines personnes avancent dans la vie avec une discrète mais constante tension, celle de devoir tout gérer, tout contenir, tout porter. Corps, émotions, responsabilités, douleurs. Pour elles, demander de l’aide ou simplement se laisser toucher n’a rien d’évident. C’est dans ce contexte que le soin corporel peut prendre une portée inattendue. Se laisser soigner devient alors un acte profondément symbolique : celui d’abandonner un instant le fardeau intérieur, en acceptant de ne plus être seul.

Le soin comme mouvement inverse

Recevoir un soin corporel, qu’il s’agisse d’un massage, d’une relaxation guidée ou d’un toucher thérapeutique, va à rebours de nombreuses habitudes mentales. Il ne s’agit pas d’agir, mais de s’ouvrir. Il ne s’agit pas de résoudre, mais de s’abandonner. Ce mouvement, qui paraît simple, engage pourtant des zones de résistance profondes. Pour celui qui a toujours tenu, lâcher un instant n’est pas une détente anodine. C’est une bascule intérieure. Il faut oser devenir récepteur là où l’on a toujours été garant de tout.

Une dépossession choisie

Se laisser soigner, ce n’est pas être faible ni se rendre vulnérable au point de perdre pied. C’est faire le choix actif d’une dépossession temporaire : on s’en remet à quelqu’un, pour quelques minutes, avec confiance. Cela suppose un cadre sûr, bien sûr, mais surtout cela invite à se dessaisir du contrôle, à ne plus surveiller chaque sensation, chaque mouvement, chaque réaction. Dans ce relâchement, le corps peut recommencer à respirer autrement. La personne cesse d’être le gardien de ses tensions, et devient peu à peu le lieu d’un accueil plus doux.

L’exemple de Nicolas, tendu d’avoir toujours tenu

Nicolas, 43 ans, a toujours été celui sur qui on peut compter. Très peu tactile, pudique, il a mis du temps à envisager un soin corporel. Lors de sa première séance, il s’est surpris à pleurer sans raison apparente. Ce n’était pas la douleur, ni le massage lui-même : c’était le fait d’être touché sans rien avoir à faire en retour. Il dit aujourd’hui : « C’était la première fois que je sentais qu’on prenait soin de moi sans attente. » Ce qu’il croyait être une faiblesse s’est révélé être un soulagement, celui de ne plus porter seul.

Une confiance qui soigne

Se laisser soigner n’est pas seulement une affaire de corps. C’est une expérience de confiance, de lâcher-prise, parfois de réparation. Cela peut réveiller des mémoires anciennes, mais aussi ouvrir des espaces de présence apaisée. Recevoir un soin, c’est peut-être dire, sans mot, que l’on mérite d’être touché doucement. Et dans cet instant de dépossession consentie, quelque chose se répare, lentement, silencieusement, mais en profondeur.

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