Psychologie

Certaines douleurs apparaissent sans cause médicale identifiable. Des maux persistants, des blocages étranges, une fatigue qu’aucun repos ne dissipe. Et si ces manifestations n’étaient pas un dysfonctionnement, mais une stratégie inconsciente ? Somatiser, ce n’est pas inventer. C’est contenir, autrement. Le corps devient alors un réceptacle silencieux, chargé d’absorber ce que l’esprit ne parvient plus à supporter.

Un compromis fragile

Face à une tension psychique trop intense, le corps peut se proposer comme solution. Il transforme le conflit en symptôme, l’impensable en douleur. Ce n’est pas un caprice, mais un compromis inconscient : mieux vaut une douleur que l’effondrement. Le symptôme devient ainsi un dérivatif : ce qui aurait pu s’exprimer en détresse psychique prend forme ailleurs, là où la parole fait défaut, là où la pensée n’ose pas aller. Le corps devient un lieu d’évitement autant que de survie.

L’exemple de Thomas, un dos qui lâche à sa place

Thomas, 42 ans, directeur d’agence, souffre de douleurs dorsales récurrentes. Rien d’anormal aux examens. Il alterne les soins physiques sans résultat durable. Lors d’un arrêt imposé, il réalise que ses douleurs se sont déclenchées chaque fois qu’il avait à faire face à un conflit direct. Il ne s’est jamais autorisé à se dire épuisé, ni à poser ses limites. Son dos, en se bloquant, l’y oblige à sa place. Il dit : « Mon corps a dit non à ma place, parce que je ne savais pas le faire. »

Le corps comme porte de sortie psychique

Somatiser n’est pas une faiblesse, mais un mécanisme complexe, protecteur. C’est une tentative d’équilibre, là où le psychisme risque la saturation. L’individu reste fonctionnel, mais au prix d’un déplacement. Le symptôme devient un cri étouffé. Il permet de continuer, de “tenir bon”, mais au prix d’une douleur muette, répétée. Le corps devient alors la zone tampon entre le monde intérieur trop chargé et l’extérieur qui ne peut pas l’accueillir.

L’urgence de reconnaître sans culpabiliser

Trop souvent, ceux qui somatisent se sentent coupables : d’exagérer, d’inventer, d’être “trop sensibles”. Mais ces douleurs sont réelles. Le symptôme est une solution psychique qui a un coût corporel. C’est un langage en creux, une forme de parole désespérée. L’écouter, ce n’est pas se détourner de la médecine, mais ajouter une dimension. On ne soigne pas l’émotion en l’ignorant. On la traverse en lui rendant sa légitimité.

Une sortie possible : réintégrer l’émotion

Quand le corps parle, il ne cherche pas à trahir. Il cherche à alerter. Redonner une place aux émotions contenues, aux conflits évités, permet parfois d’apaiser le symptôme. Il ne disparaît pas toujours, mais il se déplace. Le corps n’a plus besoin de porter seul ce que l’esprit commence à reconnaître. Et ce simple déplacement intérieur peut suffire à alléger, un peu, ce poids qu’on croyait insoluble.

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