S’ouvrir à la détente : quand relâcher devient plus difficile que s’agiter

Pourquoi certaines personnes redoutent de lâcher prise.À première vue, tout le monde souhaiterait se détendre. Respirer, relâcher les tensions, se sentir plus léger. Mais dans les faits, certaines personnes trouvent l’idée même du repos inconfortable, voire anxiogène. La détente, au lieu de soulager, réveille parfois une agitation plus profonde. Et si, pour certains, lâcher prise représentait une menace plus grande que de continuer à s’agiter ?
Une sécurité dans l’agitation
L’hyperactivité physique ou mentale peut devenir un refuge. Lorsque l’on a grandi dans un environnement imprévisible ou insécurisant, le mouvement perpétuel donne une impression de contrôle. Le corps reste en alerte, le mental occupé. Dans cet état de tension constante, la personne se sent vivante, utile, protégée. S’arrêter signifie s’exposer : au vide, à l’inconnu, aux émotions non digérées. La détente devient alors un seuil redouté, un espace sans garde-fou.
Le relâchement comme perte de repères
Certaines personnes associent inconsciemment le repos à la perte. Perte de maîtrise, de vigilance, d’utilité. Relâcher, c’est parfois faire l’expérience d’un flottement intérieur, vécu comme dangereux. Le corps, habitué à se maintenir dans une forme de résistance, n’a plus les codes pour s’abandonner sans crainte. Ce n’est pas une question de volonté, mais de mémoire corporelle. La détente devient un apprentissage, pas un automatisme.
L’exemple de Julien, piégé dans le mouvement
Julien, 44 ans, cadre dans une entreprise de conseil, vit à un rythme soutenu. Même pendant ses congés, il multiplie les activités. Lorsqu’il essaie de méditer ou de s’allonger, il se sent nerveux, presque agressé. Il confie en séance que “rester là, sans rien faire”, lui donne le vertige. Il évoque une enfance passée à “tenir” pour tout le monde. Dans l’agitation, il retrouve une forme de mission. Commencer à s’autoriser à ralentir, c’est aussi accepter de ne plus porter seul.
Un espace à apprivoiser
S’ouvrir à la détente, c’est accepter de traverser une zone inconfortable avant d’en sentir les effets bénéfiques. Ce n’est pas une soumission, mais un déplacement : de la tension vers la confiance. Cela peut passer par des formes de relaxation douce, des soins corporels, des respirations guidées, où le corps apprend, peu à peu, qu’il peut se poser sans danger. Il ne s’agit pas de se forcer à lâcher, mais de construire les conditions pour que cela devienne possible.
Une liberté qui se découvre lentement
Pour ceux qui ont toujours tenu, toujours agi, la détente n’est pas une évidence. C’est une expérience neuve, parfois vertigineuse, mais profondément libératrice. Ce n’est pas le signe d’un relâchement moral, mais celui d’un accès nouveau à soi. En découvrant qu’il est possible d’exister sans s’agiter, certaines personnes trouvent enfin un espace intérieur plus calme, plus vaste, où la présence remplace la pression.