Psychologie

Certaines personnes sont systématiquement en retard. Malgré les rappels, les engagements, les promesses, elles arrivent après l’heure, comme si une force obscure les empêchait d’être ponctuelles. Ce comportement, souvent perçu comme un manque de rigueur ou de respect, peut en réalité traduire une dynamique psychique plus complexe. Le retard n’est pas toujours un oubli ou un désintérêt : il peut être une forme déguisée de résistance.

Le retard comme désobéissance discrète

Arriver après l’heure peut être une manière inconsciente de dire non. Non à l’ordre social, non à la contrainte, non à une attente qui vient de l’extérieur. Le retard introduit une faille dans la structure imposée. Il crée un décalage, une distance, une manière de reprendre le contrôle sur un cadre vécu comme trop rigide ou intrusif. Ce n’est pas une opposition frontale, mais une opposition détournée, silencieuse, difficile à reconnaître même pour celui qui l’opère.

Une manière de ne pas se soumettre entièrement

Dans certaines histoires de vie, la ponctualité a été associée à la soumission, au devoir, à la conformité. Être à l’heure, c’était obéir. Ne pas l’être, c’était affirmer un reste de liberté. Le retard chronique devient alors une manière d’échapper, de se différencier, de ne pas se laisser entièrement absorber par la règle. Ce comportement peut se répéter même dans des contextes où la contrainte est faible, comme si le sujet rejouait une scène ancienne où il avait dû s’adapter sans condition.

L’exemple de Cécile, 39 ans

Cécile est souvent en retard à ses rendez-vous personnels, mais presque jamais au travail. Elle explique qu’elle déteste se presser, que son corps “résiste” chaque fois qu’elle doit se dépêcher. En séance, elle évoque une enfance marquée par une discipline rigide et des attentes constantes de performance. Être à l’heure n’était pas une question d’organisation, mais une condition pour être aimée. Aujourd’hui, inconsciemment, le retard devient pour elle une manière de s’affranchir de cette pression. Ce n’est pas une désinvolture : c’est une revendication implicite.

Entre sabotage et préservation

Le retard peut aussi avoir une fonction ambivalente. Il peut saboter certaines relations ou opportunités, tout en protégeant le sujet d’un engagement vécu comme menaçant. Il permet de rester dans une zone intermédiaire : présent, mais pas entièrement. Il exprime une difficulté à se livrer, à s’ajuster, à répondre à la demande sans se sentir envahi. Il n’est pas rare que ce comportement coexiste avec une culpabilité sourde, signe que l’enjeu est moins comportemental que conflictuel.

Mieux comprendre pour desserrer l’impasse

Il ne s’agit pas de justifier le retard, mais d’en comprendre la logique. Ce n’est qu’en reconnaissant sa fonction défensive qu’on peut espérer la dépasser. Le but n’est pas de devenir ponctuel à tout prix, mais de pouvoir choisir son rythme, au lieu de le subir ou de l’imposer à l’autre. Là où le retard cache un conflit, la prise de conscience peut ouvrir un espace de liberté réelle, et non plus réactive.

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